L’Ouïe Magazine n°136 – Décembre 2024 / Janvier 2025

Edito

ÇA S’ANNONCE COMPLIQUÉ !

fficiellement lancée il y a un peu plus de 2 ans par le SDA, l’idée de créer un Ordre des audioprothésistes a fait, depuis, un cheminement réussi. Reprise par le CNA, elle est aujourd’hui soutenue par un nombre notable d’organisations professionnelles – notamment du côté des ORL – et d’acteurs politiques. Le député François Gernignon a ainsi annoncé lors du dernier EPU, le dépôt d’une proposition de loi visant à créer cet Ordre (à l’heure où nous bouclons ce numéro, ce texte n’a pas encore été déposé, ndlr).

L’absence d’unanimité sur la création d’un Ordre des audioprothésistes risque d’engendrer retards et conflits.

lors du dernier EPU, le dépôt d’une proposition de loi visant à créer cet Ordre (à l’heure où nous bouclons ce numéro, ce texte n’a pas encore été déposé, ndlr). Ce projet, présenté par ses défenseurs comme un rempart aux pratiques frauduleuses et un sésame vers d’autres avancées (comme la création d’une société savante ou la possibilité de saisir la HAS), ne fait cependant pas l’unanimité au sein des représentants de la profession. Ses détracteurs y voient surtout un carcan coûteux risquant de freiner l’évolution du secteur. Ceux-là mettent en avant le panel d’outils existants (code de la santé publique, convention Cnam…) et ceux pouvant être mis en place (décret de compétences, règles de bonnes pratiques…) pour cadrer la profession et sanctionner ses dérives, sans qu’il y ait besoin d’un Ordre.
Cette opposition va rendre particulièrement ardu le processus de création de cette institution et risque de nourrir un conflit entre les syndicats, comme ce fut le cas pour les infirmiers et infirmières (leur ordre, créé en 2006, a subi dès ses débuts un important défaut d’adhésions, pourtant obligatoires, au point de mettre sa situation financière et sa survie en péril). Ce sujet divise aussi les psychologues : une proposition de loi visant à créer leur Ordre a été déposée en mai dernier, suscitant la colère d’une partie d’entre eux (notamment des salariés) opposée à l’encadrement de leurs pratiques dans une vision médico-centrée. Il est fort probable que, compte tenu de la diversité des types d’exercice en audioprothèse, il sera de la même manière particulièrement compliqué de fédérer la filière autour de ce projet. La création d’un Ordre des audioprothésistes, puis sa continuité, sont donc de véritables gageures. Elles ne pourront être relevées qu’en unissant la profession autour d’une vision commune et équilibrée, entre éthique et pragmatisme.