Plus de 1 000 professionnels (885 participants et 150 représentants des fabricants) se sont réunis les 6 et 7 décembre au Centre des congrès de la Villette à Paris pour l’Enseignement post-universitaire d’audioprothèse 2013 organisé par le Collège national d’audioprothèse sur le thème : «Le bruit dans tous ses états.» L’occasion, pour les organisations professionnelles, de faire le point sur les chantiers en cours en termes de formation, d’accès aux aides auditives et de prise en charge.
Les travaux se sont ouverts le vendredi matin, sous la présidence d’Éric Bizaguet, président du Collège national d’audioprothèse. Ils se sont achevés le samedi sur des études de cas cliniques.
À l’issue de la première journée, le CNA et l’Unsaf (Syndicat national des audioprothésistes) ont tenu une conférence professionnelle, avec pour fil rouge la démographie des audioprothésistes, le prix des aides auditives et les Ocam.
Des quotas nationaux dès 2014 ?
Alors que la sixième école d’audioprothèse a ouvert ses portes cette année à Cahors, et qu’une septième devrait ouvrir en 2014 à Bordeaux, Luis Godinho, président de l’Unsaf, a souligné que, depuis 2001, «le nombre d’audioprothésiste a augmenté de 93 % mais le nombre d’appareils délivrés par audioprothésiste est resté stable, à environ 189 unités par an.» Dans ce contexte, le CNA et l’Unsaf, qui restent attentifs à la validation en France des diplômes étrangers, ont annoncé l’ouverture de négociation pour mettre en place des quotas nationaux dès l’année 2014. «Le principe est validé, mais le nombre n’est pas encore décidé», a précisé Éric Bizaguet, président du CNA.
«Nos prix n’augmentent pas plus que l’inflation»
Il a été rappelé que, contrairement à ce qu’assènent les médias, les tarifs des aides auditives ne sont pas plus élevés en France que dans les autres pays européens et que ceux-ci n’ont pas évolué plus rapidement que l’inflation, bien au contraire. «En 1996, les appareils haut de gamme étaient vendus 12 000 francs l’unité, ce qui correspond à 2 300 euros d’aujourd’hui. Le problème, ce n’est pas le prix, mais le remboursement du régime obligatoire», a répété Luis Godinho. Il a en outre précisé que l’audioprothèse ne représente qu’1 % des remboursements des Ocam, en pointant «l’efficacité contestée des réseaux», s’appuyant notamment sur le récent rapport du Cercle Santé Innovation.
Une offre à prix fixe à côté des prix libres pour améliorer l’accès aux soins
Le CNA et l’Unsaf ont réitéré leurs propositions, qui consistent à mettre en place un «tarif social» pour les bénéficiaires de la CMU-C (850 euros/appareil pour les deux oreilles), qui pourrait également être opposable pour les ACS et devenir le prix plancher pour les contrats responsables. Les deux organisations suggèrent aussi de fusionner les deux sources de prestations légales, LPPR et PCH, au sein de l’Assurance maladie, et proposent aux pouvoirs publics et aux Ocam de négocier une offre de qualité à prix fixe, qui serait proposée à côté des prix libres. «Une telle offre permettrait d’équiper plus de personnes et d’atteindre 700 000 appareils vendus par an, contre 500 000 aujourd’hui», estime Éric Bizaguet. Enfin, concernant les conditions d’exercice, le Collège et le syndicat plaident pour une révision de la convention Cnam actuelle qui date de 1993, une norme qui serait obligatoire pour le remboursement, l’encadrement de la publicité dans le secteur et une campagne institutionnelle sur l’importance de l’audition et l’intérêt du dépistage, notamment vers 60 ans.
Photo. De gauche à droite : Luis Godinho et Éric Bizaguet.