Thierry Beaudet (président du groupe MGEN) et Guillaume Sarkozy (délégué général de Malakoff Médéric), récemment invités par l’Association des journalistes de l’information sociale (Ajis), parlent d’une même voix pour demander la possibilité de contractualiser avec tous les professionnels de santé, les médecins au premier chef.
Les deux dirigeants dénoncent le « carcan réglementaire » que subissent désormais les Ocam, qui supportent des coûts de plus en plus importants, et réclament un rôle plus important dans le système de soins. Ils pointent notamment du doigt la réforme des contrats responsables, qui restreint les marges de différenciation, engendre une concurrence qui ne peut plus « se faire que sur les prix », explique Thierry Beaudet, et obtiendra des effets contraires à ceux escomptés, ajoute Guillaume Sarkozy.
Orienter les patients vers les praticiens les plus performants
Le président de la MGEN estime qu’il « faut faire confiance aux acteurs pour réguler le système de santé et organiser les parcours de soins. » Avec le patron de Malakoff Médéric, ils demandent que les mutuelles et les institutions de prévoyance puissent monter des réseaux de soins avec les médecins, ce qui est à ce jour interdit par la Loi Le Roux (les réseaux ne peuvent concerner que les opticiens, audioprothésistes et dentistes). « Les complémentaires, qui sont en concurrence, devraient pouvoir se différencier en contractualisant avec ceux qu’elles choisissent », affirme Guillaume Sarkozy, en estimant qu’elles devraient notamment pouvoir aiguiller leurs assurés vers les praticiens les plus performants. Pour Thierry Beaudet, il s’agit essentiellement de participer au développement des nouveaux modes d’exercice collaboratifs de la médecine, « en travaillant dans une logique respectueuse des intérêts de chacun. Avec, à la clef, des économies qui pourraient atteindre 1,9 milliard d’euros. »
Accéder aux données de santé non anonymisées
Dans ce contexte, mutuelles et IP Données de santé continuent de réclamer un accès aux données de santé détenues par l’assurance maladie pour être plus efficient. Guillaume Sarkozy « demande même un accès aux données personnelles non anonymisées, afin de ‘construire une transversalité dans l’offre de soins’, en dépistant, par exemple, les risques iatrogéniques au sein des assurés », note l’Ajis. En ajoutant : « quant aux possibles dérives des complémentaires qui pourraient chercher à sélectionner leurs assurés, Guillaume Sarkozy rappelle qu’il s’agit d’un délit puni par la loi. »