Dans un communiqué, le CNA (Collège national d’audioprothèse), le Synea (Syndicat national des entreprises de l’audition) et l’Unsaf (Syndicat national des audioprothésistes) expliquent qu’Itelis a lancé son appel à candidatures pour le renouvellement de son réseau audioprothèse, alors que les discussions avec la profession étaient à peine entamées. Les organisations constatent que « le principal objectif de cette plateforme est financier, sacrifiant au passage la qualité et l’accompagnement des patients malentendants, au détriment de la santé publique.» Elles estiment enfin que la plateforme « devrait s’interdire d’imposer de nouvelles obligations aux autres acteurs, se substituant ainsi aux réglementations en vigueur. »
Le CNA, le Synea et l’Unsaf soulignent que, dans notre secteur, le prix doit refléter le service rendu par les audioprothésistes au-delà de la fourniture de l’équipement. Ils rappellent ce qu’il couvre (choix du produit, personnalisation, adaptation, suivi…) et insistent sur le fait que l’observance dans le port d’aides auditives empêche le sur-déclin cognitif, en suggérant que les bénéficiaires Itelis pourraient se voir pénalisés sur ce point. Les organisations professionnelles demandent ainsi à la plateforme et à ses actionnaires (Axa et Humanis) « d’engager une vraie discussion pour construire un réseau bénéfique aux patients, comme c’est le cas avec d’autres opérateurs Ocam. »
Des prix insuffisants pour un suivi de qualité
Selon le communiqué, Itelis a rencontré les représentants des ORL et des audioprothésistes le 6 janvier, mais cette réunion « n’a pas permis de prendre connaissance de la totalité des informations et aucun document n’a été remis. Faute d’information complète, la profession ne pouvait se prononcer sur la pertinence de la démarche d’Itelis. L’appel à candidatures a été lancé le 27 janvier sans nouvelle rencontre, malgré les demandes réitérées de la profession. » Par ailleurs, « les prix maxima se situent entre -15% et -20% des prix moyens du secteur. Pourquoi exiger des remis supérieures aux marges constatées par la DSS et l’IGF ?* », questionnent les organisations. Elles assurent que les prix maxima proposés impacteront la qualité des services et que, plus généralement, la forte variabilité de la qualité entre les différents réseaux pose question. « Alors que les enjeux de santé publique sont majeurs, est-il souhaitable de laisser aux seuls acteurs privés, dont certains aux objectifs principalement économiques, la régulation du reste à charge en audioprothèse ? », s’interrogent les représentants de la profession, en rappelant que l’IGAS elle-même préconise une revalorisation de la prise en charge de l’Assurance maladie.
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*Dans son analyse économique du secteur, la Direction de la Sécurité Sociale (DSS) indique que la marge nette se situe entre 0 et 10% pour les succursalistes et entre 5 et 12% pour les indépendants. L’Inspection générale des Finances estime la rentabilité des audioprothésistes à 10%.