La 19ème Journée Nationale de l’Audition se déroule ce 10 mars avec pour fil rouge « Un monde bruyant… et nos oreilles dans tout ça ? ». Quelque 3000 professionnels, dont 1 500 audioprothésistes, sont mobilisés pour sensibiliser le grand public à l’importance de la santé auditive à tous les âges de la vie. Aujourd’hui, l’association JNA adopte une approche à 360° et se pose comme un interlocuteur de référence, auprès des citoyens, des professionnels, des médias mais aussi des pouvoirs publics. Entretien avec son président Jean-Stanko (ancien audioprothésiste D.E., à gauche sur la photo) et son 1er vice-président Jean-Luc Puel (directeur de recherche Inserm, à droite sur la photo).
Quelles ont été les évolutions les plus marquantes de la JNA ces cinq dernières années ?
Jean Stanko : Clairement, ce sont nos enquêtes, que nous faisons avec de grands instituts de sondage à l’occasion de chaque Journée Nationale de l’Audition. Elles sont toutes riches d’enseignements sur des problématiques majeures – l’audition des seniors, les acouphènes, les risques auditifs des jeunes… – et font l’objet de retombées presse considérables. Celle de cette année, réalisée avec l’Ifop, traite d’un enjeu crucial : celui des nuisances sonores et de leurs effets sur la santé.
Pr Jean-Luc Puel : Outre ses enquêtes, la JNA a également ouvert son champ d’action ces dernières années. A l’origine, l’idée était de faire connaître la surdité et les moyens de la prévenir. Aujourd’hui, l’association travaille sur tous les problèmes auditifs, de la prévention des risques (notamment chez les jeunes) jusqu’à la prise en charge prothétique, les acouphènes, etc. Nous sensibilisons désormais le public à la santé auditive au sens large, dont il est prouvé qu’elle favorise le Bien Vivre et le Bien Vieillir.
Au-delà de la campagne grand public, quels moyens utilisez-vous pour diffuser vos messages ?
JS : En parallèle de ses missions habituelles, l’association JNA est devenu un interlocuteur des pouvoirs publics. Nous avons des rendez-vous réguliers avec le ministère de la Santé, à qui nous voulons faire connaître les problèmes de la malentendance, et qui semble réceptif à notre discours, du fait de notre neutralité. En complément de ses contacts directs avec les organismes professionnels, le ministère souhaite en effet dialoguer avec un interlocuteur indépendant qui se fasse l’écho du terrain.
JLP : C’est effectivement une nouveauté. Lors de nos rendez-vous avec les pouvoirs publics, nous abordons les problèmes sous tous leurs angles, qu’il s’agisse du bruit dans les cantines, dans les lieux de loisirs, de la protection auditive, du faible taux d’appareillage, du reste à charge, etc. Nous informons en toute objectivité de la réalité des faits, en se plaçant du côté des malentendants. La JNA se positionne aussi comme un catalyseur d’échanges qui incite les gens à se mettre autour d’une table, sans prendre position.
Les pouvoirs publics envisagent-ils des actions concrètes suite aux remontées que vous leur faites ?
JLP : A l’occasion de la JNA 2015, Marisol Touraine déclarait que la qualité de l’environnement sonore était une vraie préoccupation de son ministère. Un an après, ce dernier se dit toujours à l’écoute de nos problématiques et pourrait annoncer diverses mesures d’ici peu.
Les audioprothésistes sont-ils, selon vous, suffisamment engagés dans la JNA ?
JS : L’année dernière, 1 400 audioprothésistes ont participé et cette année, nous avons dépassé ce chiffre. C’est déjà beaucoup ! Et à ceux qui ne participent pas encore à nos actions, je dis « pensez à l’avenir de la profession et à celui des malentendants ! ». La JNA est une occasion en or pour mieux faire connaître le métier, d’autant que nous leur donnons des outils clés en main pour parler de l’audition au grand public, dédramatiser l’appareillage, mais aussi sensibiliser les généralistes qui sont le premier maillon du parcours de l’audition mais bien souvent sous-informés sur la question.
Et côté ORL, la mobilisation est-elle suffisante ?
JLP : 80 services ORL participent à la JNA. Bien sûr, on peut toujours espérer plus, mais la mobilisation est déjà importante, y compris chez les libéraux qui savent se montrer disponibles quand nous les invitons à participer à une action de sensibilisation, à une conférence… Nous sollicitons particulièrement les ORL dans les petites villes. On veut faire le buzz en local, où les municipalités savent dégager des budgets pour l’audition.