La Semaine du son se déroulera du 23 janvier au 5 février prochain. Jean-Louis Horvilleur, audioprothésiste indépendant, coordonne le volet santé auditive de la manifestation. Il nous éclaire sur la façon dont les professionnels peuvent se l’approprier.
Comment se profile cette 14e édition ?
Il y aura des évènements dans toute la France : des conférences, des animations, des réunions publiques… Nous avons, cette année, un partenariat avec l’Association des maires de France, ce qui permettra d’organiser beaucoup plus facilement des choses dans les salles communales, dans les écoles, les conservatoires… Nous avons également adressé un courrier à la ministre de la Santé. Nous voulons déclencher une dynamique, que tout le monde parle du sujet : beaucoup de maires et d’acteurs de terrain sont déjà sensibilisés et prêts à agir.
Quels sont les thématiques dont les audioprothésistes peuvent se saisir ?
Pour la santé auditive, le thème est très large : l’audition des plus petits jusqu’aux seniors. C’est l’occasion de parler des chiffres du sur-déclin cognitif, du dépistage chez les jeunes… Nous avons en ligne de mire la perte de communication qui peut déjà intervenir avec un déficit auditif modéré. Trop de gens arrivent chez nous pour faire le premier test de leur vie à un âge avancé. Une grande campagne va être lancée le 23 janvier avec l’appui du Dr Shelly Chadha, en charge de la prévention de la surdité et de la déficience auditive à l’Organisation mondiale de la santé. Les sujets abordés seront nombreux : protéger les oreilles des enfants, parler de la perte auditive des aînés, du tabou de l’appareillage… Pour ce lancement, nous avons choisi de faire un focus sur la santé auditive des musiciens, parce que, dans ce milieu professionnel, c’est complètement caché : ceux qui en souffrent ont peur d’être mal vus s’ils révèlent leur difficulté… Il faut briser aussi ce tabou-là ! J’enseigne depuis 5 ans dans une école de DJ, quand les étudiants me voient arriver ils sont plutôt surpris mais ensuite ils prennent conscience qu’ils sont concernés par les risques.
Il y a encore un autre versant du sujet, qui nous tient à cœur : le manque d’intelligibilité des programmes télé et radio. C’est une doléance que les audios entendent tous les jours ! On a aujourd’hui des appareils auditifs performants, mais de fait le bluetooth n’est pas à la portée de 100 % des malentendants. La post-production des programmes TV ne va pas être améliorée instantanément, cependant on peut en parler aux professionnels. Et, côté consommateurs, conseiller sur l’achat du téléviseur : il n’y a pas que l’image qui compte ! Nous voulons proposer une check list de points à vérifier afin de mieux entendre sa TV. C’est un sujet qui concerne les gens au quotidien.
Comment les audios peuvent-ils s’inscrire dans la manifestation ?
Chaque professionnel de santé est libre d’organiser ce qu’il veut, tout l’intérêt de la manifestation est de se coordonner et de relayer les informations le plus largement possible. Il y a un vrai besoin d’information côté grand public : les gens arrivent avec des questions précises. Proposer une conférence, une sensibilisation dans un établissement scolaire, un partenariat avec un service de pédiatrie, une maison de retraite etc. permet d’avoir une reprise dans la presse locale et de potentialiser la communication sur le sujet. Une simple opération de dépistage peut générer un article sympa dans les pages locales. Cela permet à l’audio de se faire connaître en tant que spécialiste de l’audition et de transmettre les informations et les chiffres sur la malaudition.
Comment doit-il procéder, concrètement ?
Tout audioprothésiste en exercice peut participer en s’inscrivant à infos@lasemaineduson.org. Sur le site, il trouvera des idées dans sa région et pourra se joindre à une initiative qui existe déjà ou en créer une en prenant contact avec nous ou avec sa mairie. Il y a énormément de possibilités : faire un discours de prévention dans un concert de métal, créer un partenariat avec les étudiants, proposer une action à l’infirmière scolaire du collège, aller intervenir auprès des parents de tous-petits dans une crèche pour leur donner les bonnes pratiques dès le plus jeune âge… Sur ce point, il faut rappeler que l’enquête Ipsos de la Semaine du son 2016 indiquait que 70 % des parents pouvaient entendre de l’extérieur ce que leur enfant écoutait au casque !
Qu’avez-vous envie de dire à vos collègues ?
On espère une mobilisation maximale de nos confrères. D’ailleurs le partenariat avec l’Unsaf, le Synea et le Synam est reconduit cette année. La Semaine du son est l’opportunité de faire une bonne action tout en faisant connaître nos savoir-faire. La prévention fait partie de nos rôles et nous avons les connaissances pour la mener à bien. Montrons qui nous sommes !