Ouïe Magazine
Publié le 14/12/2016

Le Syndicat national des audioprothésistes réagit vivement aux conclusions de l’enquête sectorielle de l’Autorité de la concurrence, qu’il considère « exclusivement guidées par une approche de consommation, sur fond de privatisation du système de santé ».

 

En recommandant de découpler l’appareillage initial et les prestations de suivi postérieures mais aussi de supprimer le numerus clausus pour les étudiants en audioprothèse, l’Autorité a, selon l’Unsaf, « écarté les nombreux arguments de santé publique et de qualité étayés par de nombreuses études scientifiques et médico-économiques ». « Visiblement, l’Autorité n’a pas voulu reconnaître l’audioprothèse pour ce qu’elle est, à savoir un dispositif médical à fort service médical rendu, mais comme un produit ordinaire de consommation, en somme peu différent d’un rasoir électrique », s’insurge le syndicat.

 

« L’Autorité combat la mutualisation des coûts »

L’organisation professionnelle relève que l’Autorité a constaté que le prix moyen en France est comparable à celui des autres pays de l’Union européenne, « et même inférieur pour les produits haut de gamme » et que « le désengagement de la solidarité nationale (…) s’inscrit à contre-courant de la revalorisation de la prise en charge qui est intervenue en Allemagne (785 euros par appareil), en Belgique (666 euros) ou en Italie (600 euros) », l’Assurance maladie ne finançant les aides auditives qu’à hauteur de 120€ par oreille. Si le gouvernement « en a tiré la seule conclusion compatible avec la santé publique », à savoir l’amélioration du remboursement par l’assurance maladie obligatoire, l’Unsaf estime que l’Autorité de la concurrence fait au contraire « le jeu des tenants de la marchandisation de la santé en combattant la ‘mutualisation’ des coûts, pilier de notre système de santé, et signe une prise de position inédite et partiale, dans le contexte politique actuel, en faveur de la privatisation de la santé ».

 

L’Unsaf demande une évaluation du secteur par l’Igas et la HAS

Pour le syndicat, les préconisations formulées dans l’avis montrent que le traitement des sujets de santé publique en dehors du domaine de la santé fait disparaître toute notion de prise en charge et de parcours de soins « au bénéfice de la seule approche de consommation ». En affirmant que « l’audition des patients n’est pas un business, mais un enjeu de santé publique et d’abord un enjeu de qualité de vie pour des patients », l’Unsaf « dénonce avec force » cette enquête qu’il juge « très partiale » et en conteste les conclusions. L’organisation demande ainsi au gouvernement de faire procéder à une évaluation du secteur « par les autorités compétentes dans le secteur de la santé, en premier lieu l’Inspection Générale des Affaires Sociales (Igas) et la Haute Autorité de Santé (HAS) ».

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