Guillaume Flahault, président du Syndicat national des entreprises de l’audition, déclare « ne pas être surpris » par les conclusions de l’Autorité de la concurrence sur le marché de l’audioprothèse. Alors que les pouvoirs publics avaient annoncé vouloir prendre des décisions pour améliorer l’accès à l’appareillage, il constate que « les auditions n’ont pas beaucoup infléchi les intentions initiales de l’autorité ».
Pour le président du Synea, l’avis définitif de l’Autorité de la concurrence se situe dans la droite ligne du bilan à mi-parcours publié en juillet par l’organisation. « S’agissant de la dissociation, à laquelle nous restons défavorables, l’autorité oriente sa recommandation vers une dissociation entre le forfait d’appareillage de la première année et un forfait de prestations de suivi pour la durée de vie de l’appareillage. Elle note par ailleurs que la mise en œuvre de cette réforme impliquerait la modification de la LPPR et une réflexion approfondie sur les modalités de remboursement», nous a-t-il déclaré. Adoptant une attitude pragmatique, Guillaume Flahault prend acte des intentions de l’autorité et souligne aussi qu’il « ne s’agirait pas d’imposer la dissociation, mais de la rendre possible ». Il rappelle cependant sa très grande réticence devant une telle réforme « qui serait le seul modèle de ce genre en Europe » et qui, de plus, « ne répond absolument pas aux attentes des patients, qui plébiscitent le forfait » comme le montrent la récente étude élaborée par Gallileo pour le Synea et l’enquête EuroTrak de 2015.
Concernant le relèvement du numerus clausus, le président du Synea souligne que, compte tenu des contraintes (évolution de la demande, capacités de formation des écoles, difficultés d’organiser des stages dans les services hospitaliers…), l’Autorité reconnaît qu’une offre supplémentaire d’audioprothésistes « ne pourrait intervenir que dans des proportions raisonnables ». « Nous ne disons pas le contraire », indique Guillaume Flahault : « l’offre doit être en adéquation avec la demande de soins. Si les simulations le justifient, pourquoi ne pas relever le numerus clausus ? »
Outre ces deux recommandations qui font débat, le Synea relève et approuve les autres préconisations de l’Autorité de la concurrence, à savoir la refonte des modalités de remboursement de l’Assurance maladie, celle du devis (« nous sommes favorables à tout ce qui va dans le sens d’une meilleure transparence de l’offre»), mais aussi la mise en place de campagnes d’information publiques et d’un carnet de soins pour faciliter le suivi. Cette dernière proposition, « une très bonne idée », va en effet dans le sens du dispositif mis en œuvre dans le cadre du « pacte » signé début 2016 par les enseignes membres du Synea, qui se sont engagées à assurer la continuité du service audioprothétique même en cas de fermeture d’un centre ou du déménagement du client.