Pour le Collectif interassociatif sur la santé (CISS), qui regroupe plus de 40 associations de patients et d’usagers, les recommandations de l’Autorité « ne touchent pas au nerf » du problème de l’accès à l’audioprothèse.
L’avis du gendarme de la concurrence, qui préconise de dissocier l’achat de l’appareillage initial de celui du suivi ultérieur et de relever le numerus clausus, « ne s’attache pas aux points que nous avons relevés comme étant prioritaires », déclare Magali Léo, chargée de mission Assurance maladie au CISS, interrogée par L’Ouïe Magazine. Dans la droite ligne de la précédente prise de position du collectif, elle estime que le découplage appareil suivi « ne semble pas aller dans le bon sens ». « Nous sommes défavorables au paiement à l’acte, dont on sait qu’il est inflationniste et génère des renoncements aux soins. Si nous admettons la notion de dissociation, c’est dans l’idée d’échelonner les paiements tout au long du parcours, mais sur la base d’un prix qui resterait forfaitaire », explique-t-elle.
Concernant le relèvement des quotas d’étudiants en audioprothèse recommandé par l’Autorité, le Ciss reconnaît que « l’offre est concentrée » et qu’il faut « sans doute la diversifier ». Pour autant, une telle mesure ne permettra pas selon lui de faire baisser suffisamment les prix. Magali Léo cite le contre-exemple des médecins, qui pratiquent « les tarifs les plus élevés là où ils sont les plus nombreux, ce qui contredit l’effet de concurrence souhaité ».
« Le constat de l’Autorité n’est pas anormal »
En formulant leurs recommandations, les sages de la rue de l’Echelle ont cependant « été dans leur rôle axé sur les problématiques de concurrence », analyse le collectif, qui leur a apporté sa contribution au cours de l’enquête. « Il ne fallait pas en attendre plus et son constat n’est pas anormal. Nous n’invalidons pas les propositions qui sont faites, mais elles ne s’attachent selon nous qu’à une petite partie de la problématique du renoncement aux soins audioprothétiques, qui appelle une revalorisation de la prise en charge. Une telle recommandation ne serait cependant pas entrée dans le champ de l’Autorité de la concurrence », soulève Magali Léo.
Pour la chargée de mission, les mesures préconisées par l’organisation ne sont pas incompatibles avec les propositions du CISS, à savoir une amélioration de la prise en charge assortie d’une régulation des tarifs, « avec pourquoi pas des prix limite de vente » (ce qui est aussi, par ailleurs, une proposition de l’Unsaf). Le collectif salue à cet égard le récent engagement du gouvernement à améliorer le remboursement de l’Assurance maladie sur les appareils d’entrée de gamme. Il attend désormais « que le ministère joigne le geste à la parole ».