Selon une étude menée par Xerfi-Precepta, la mise en place d’une offre sans reste à charge en audioprothèse, optique et dentaire « est un défi de repositionnement » pour les plateformes santé.
Soulignant que le RAC 0 va entraîner une redéfinition des règles du jeu pour les plateformes et réseaux de soins, le cabinet d’études souligne que cette réforme ne remettra pas en cause leurs stratégies de conventionnement et de gestion du risque en santé. En revanche, elle « pourrait bien faciliter leur action pour peser sur l’offre et la demande de soins ». Les experts de Xerfi-Precepta relèvent que ces acteurs tirent déjà parti du nouveau contexte : en audio, « ils représentent d’ores et déjà 20 % du marché et affichent un taux de recours d’environ 50 % ». En optique, ils « intermédient désormais près d’un tiers du marché où le taux de recours des assurés concernés atteint 60 % ». En revanche, « ils peinent à s’imposer en dentaire aussi bien auprès des professionnels de santé que des assurés, un marché où le taux de recours reste inférieur à 25 % ».
Les réseaux devront faire pression sur les fournisseurs
L’étude affirme que les six grandes plateformes*, qui rassemblent plus de 50 millions de bénéficiaires (soit 80 % des assurés) vont continuer à drainer des publics d’assurés : « A ce titre, elles devront gagner en lisibilité en matière de certification du rapport qualité/prix, du renforcement de l’efficience des soins ou encore de l’accès physique et numérique des soins. En réalité, l’implication des pouvoirs publics pour mieux encadrer les prix et RAC des assurés est un défi de repositionnement pour les plateformes et réseaux de soins, en particulier pour les besoins médicaux d’entrée de gamme et le marché de la santé individuelle. » Concrètement, ces plateformes vont devoir adopter des stratégies autour de trois grands axes : valoriser les critères qualitatifs dans les cahiers des charges (comme les services différenciants), renforcer les dispositifs de contrôle (en misant par exemple sur les vis des utilisateurs pour évaluer la qualité des prestations), faire pression sur les fournisseurs comme c’est déjà le cas en optique. Elles devront travailler également sur les logiques d’efficience : « Le but est ici de renforcer la prévention mais également d’éliminer les surcoûts liés aux manques de compétences des professionnels de santé, comme par exemple les complications post-opératoires à l’hôpital », commente Xerfi-Precepta en ajoutant que les réseaux devront par ailleurs augmenter l’adhésion et l’engagement des professionnels de santé.
Vers une baisse du nombre de réseaux
Seules trois plateformes de santé « peuvent revendiquer environ 10 millions de bénéficiaires, soit le niveau nécessaire pour optimiser sa capacité d’influence sur l’offre de soins et mutualiser les coûts des services de santé » (Kalivia, Itelis et Santéclair). En outre, les rapprochements observés entre Ocam peuvent « entraîner des révisions d’alliances sur une base politique », comme celui entre Kalivia et Optistya / Audistya suite à la constitution du Groupe VYV. De fait, à terme, il resterait quatre grandes plateformes et trois grands ensembles : Kalivia / Optistya, « un grand pôle en devenir à dominante mutualiste centré sur l’inclusion tarifaire » ; Itelis, « un grand pôle à dominante paritaire centré sur l’entreprise et les publics salariés » ; Santéclair et Carte Blanche Partenaires, « des pôles axés sur la différenciation par l’accompagnement individuel en santé ». Ces logiques de cloisonnement « ouvrent la voie à une plus grande clarification et différenciation des positionnements respectifs des grandes plateformes au profit de la lisibilité de leur marque », conclut le cabinet.
*Kalivia, Santéclair, Itelis, Carte Blanche Partenaires, Sévéane et Optistya / Audistya