Ouïe Magazine
Publié le 18/07/2018

Une étude publiée en juillet dans le journal Science Translational Medicine ouvre la voie à de nouveaux types d’implants utilisant l’optogénétique, qui nécessiteront cependant une manipulation génétique.

 

Une équipe de chercheurs allemands a imaginé utiliser la lumière en lieu et place de l’électricité dans les implants cochléaires. En effet, le courant des électrodes ayant tendance à se disperser, ce qui provoque des interférences, ceux-ci intègrent actuellement un nombre limité d’électrodes, ce qui réduit d’autant le nombre de fréquences utilisées. L’optogénétique permet de s’affranchir de cette limite. Cette technique implique d’introduire dans les neurones des gènes porteurs de protéines sensibles à la lumière, appelés opsines.

 

Pour leurs travaux, les scientifiques ont utilisé des gerbilles, des petits rongeurs pouvant entendre des fréquences plus basses que les humains. Ils ont injecté dans leur cochlée un virus transportant le gène de l’opsine dans les neurones auditifs. Les chercheurs ont ensuite utilisé une fibre optique pour transmettre la lumière jusque dans la cochlée. Chez les gerbilles normo-entendantes, les implants cochléaires optiques ont provoqué des réponses stables du tronc cérébral optique sur une période de plusieurs semaines. Chez les gerbilles sourdes, la stimulation lumineuse générait des réponses auditives et un comportement d’évitement marqué indiquant une restauration partielle de la fonction auditive. Ces résultats suggèrent que l’optogénétique pourrait être utilisée pour développer des implants cochléaires avec des capacités de restauration améliorées. L’étude n’a cependant utilisé qu’un seul canal optique. La prochaine étape sera donc la mise au point de dispositifs multicanaux, sans doute à partir de réseaux de micro-LED.

 

Des essais devraient prochainement être réalisés sur des primates. « Nous saurons probablement dans deux ans environ si nous nous sentons suffisamment à l’aise pour transcrire tout cela sous la forme d’un appareil médical », explique Tobias Moser, qui dirige les recherches. Il envisage d’ores et déjà la création d’une entreprise pour commercialiser cette technologie.

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