Ouïe Magazine
Publié le 10/07/2019

Le président du Syndicat national des entreprises de l’audition (Synea), revient sur la négociation menée avec Kalixia et explique la position de son syndicat sur les réseaux de soins avec lesquels il souhaite discuter sur la base de critères d’acceptabilité. Interview.

L’accord avec Kalixia précisant les conditions du remplacement de l’offre d’accessibilité Prim’audio par l’offre 100 % santé a été signé par le Synea, le Synam. Pour quelles raisons ?

Nous avons mené une rude négociation avec Kalixia pour conclure un accord qui nous semble bon pour les patients et pour la profession. Tout d’abord l’offre Prim’Audio disparaît au profit de la seule classe I et le calendrier de la réforme RAC 0 sera respecté. L’accord prévoit également qu’Harmonie Mutuelle relève le niveau de prise en charge à 950 euros et que ce niveau de prise en charge s’applique aussi bien à la classe II que la classe I. Autant de bonnes nouvelles pour les patients et pour les audios. Bien entendu, nous avons tenu nos partenaires informés de ces discussions. Mais certains ont une approche des réseaux différente la nôtre. De notre côté, nous prenons acte de l’existence de ces réseaux, entérinée par la loi, et nous privilégions le dialogue. Avec Kalixia, nous sommes dans une logique de construction d’un bon dispositif pour tout le monde, impliquant une stricte application de l’accord signé en juin 2018. Nous avons été entendus. Nous avons aussi obtenu qu’Harmonie Mutuelle relève son niveau de prise en charge à 950 € et accepte que celui-ci soit le même pour la classe II et pour la classe I. C’est ce qui garantit le mieux la liberté de choix du patient et la qualité de l’appareillage. Ces avancées n’étaient pas gagnées d’avance et il était d’autant plus important de conclure cet accord que Kalixia est un réseau leader. Cet accord arrive à point nommé pour lutter contre l’attentisme qui semble gagner notre marché.

Où en est l’unité syndicale dans le secteur ?

L’unité avec l’Unsaf et le Synam nous a permis de mener à bien de nombreux projets : l’accord sur le 100 % santé bien sûr, mais aussi la rédaction de la charte de l’audioprothésiste et du livre blanc de l’audioprothésiste qui dresse un panorama complet du secteur, la défense d’un nombre de diplômés adapté, la pédagogie contre le découplage, l’étude médico-économique de Jean de Kervasdoué publiée en 2016 qui a pour la première fois chiffré l’impact économique du déficit auditif, l’interdiction des réseaux fermés pour l’audition lors des débats sur la loi Le Roux… Nous avons porté ensemble tous ces combats. Le Synea souhaite maintenir cette union, dans laquelle chacun doit se sentir libre et respecté.

D’un point de vue général, quelle est aujourd’hui votre position sur les réseaux de soins et les remboursements différenciés ?

Nous sommes évidemment contre le principe du remboursement différencié mais celui-ci est clairement autorisé par la loi Le Roux. Dans ce contexte, notre combat prioritaire est que, s’il y a remboursement différencié, il soit le plus faible possible ou temporaire. L’offre Harmonie Mutuelle sera disponible dans le réseau Kalixia uniquement ; nous avons accepté cette concession car elle est temporaire et dictée par des contraintes opérationnelles. De plus cette concession s’inscrit dans un cadre qui a permis d’obtenir la disparition de Prim’Audio, le respect du calendrier, le relèvement de la prise en charge à 950 euros, pour la classe II comme pour la classe I. Le Synea prend acte de l’existence des réseaux de soins, dont le rôle est défini par la loi. Nous pensons qu’il faut dialoguer avec eux sur la base de critères d’acceptabilité qui défendent la liberté du patient et de l’audioprothésiste.

Quels sont ces critères ?

Il y en a quatre :

  • Le respect de la liberté de choix du patient, qui exclut des pratiques telles que : des écarts importants et durables entre les remboursements au sein du réseau et les remboursements hors réseaux, des réseaux trop étroits, des réseaux qui orientent leurs bénéficiaires de façon directive, une pratique restrictive du tiers-payant.
  • La reconnaissance que la qualité de soin est essentielle à la réussite de l’appareillage. Si une prestation de qualité est rendue impossible, cette reconnaissance n’existe pas.
  • La reconnaissance mutuelle de l’indépendance de chaque métier. Un réseau ne peut pas s’immiscer dans nos relations avec les fournisseurs. Il ne lui revient pas de définir des protocoles d’appareillage, de pratiquer sa propre classification produit ou d’enfreindre le respect de l’anonymat des données personnelles.
  • L’application stricte du 100 % santé pour faciliter l’accès aux soins : cela implique de respecter les critères technologiques des classes I et II, de respecter les prix limites de vente pour les produits de classe I, de proposer un remboursement identique pour les deux classes (comme nous l’avons obtenu avec Kalixia) et de pratiquer le tiers payant universel.

Qu’entendez-vous par tiers payant universel ?

Nous voulons que ce soit un outil qui facilite l’accès à l’information pour le patient et qui facilite le travail de l’audioprothésiste. L’outil doit donner accès aux cotations des complémentaires en instantané, garantir le paiement et permettre le libre choix du patient. Il devrait aussi contenir les informations concernant la date d’appareillage pour permettre un renouvellement. Nous avons entamé des discussions en ce sens avec la DSS, que nous allons poursuivre avec les complémentaires.

Quelles sont aujourd’hui les priorités du Synea ?

Nous voulons renforcer l’union syndicale, car nous sommes conscients que c’est elle qui fait notre force, dans un cadre ou chacun reconnaît la légitimité et la liberté de l’autre. Il nous faut désormais nous retrouver autour de projets ambitieux, notamment les dossiers liés au RAC 0 qui restent à négocier : le tiers payant, le questionnaire de satisfaction des patients, les outils de communication du 100 % santé, les indicateurs de suivi, les campagnes de prévention. Et bien sûr les discussions avec les complémentaires. Notre responsabilité est de mettre en œuvre avec elles et leurs réseaux la réforme 100% Santé. Pour que cette réforme soit un succès pour tous. Pour les patients en premier lieu, qui pourront mieux préserver leurs facultés auditives et améliorer leur qualité de vie.

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