Dans une circulaire datée du 6 janvier 2020, les ministères des Solidarités et de la santé et des Comptes publics autorisent la prise en charge des appareils auditifs prescrits par les médecins généralistes, sans obligation de formation en otologie médicale. Cette dérogation est valable jusqu’au 31 août.
Le syndicat des audioprothésistes a fait paraître ce mardi un communiqué annonçant la suspension de l’obligation de primo-prescription par les ORL, sous forme de dérogation provisoire.
Rappelons que, dans le cadre de la réforme 100 % santé, un arrêté du 18 novembre 2018 modifie les modalités de prise en charge des aides auditives et prestations associées. Il prévoit que désormais la primo-prescription des appareils, pour les patients de 6 ans et plus, ne pourra être effectuée que par les médecins ORL et ceux ayant suivi « un parcours de développement professionnel continu en otologie médicale » attesté par le Collège de médecine générale (CMG). Cette disposition devait entrer en vigueur le 1er janvier. Durant l’automne dernier, le syndicat de médecins généralistes MG France avait alerté les pouvoirs publics sur le fait que les formations en otologie médicale n’étaient actuellement pas disponibles et que l’application immédiate de la mesure pourrait entraîner une difficulté supplémentaire d’accès aux soins auditifs. Le ministère de la Santé semble les avoir entendus puisque dans son instruction du 6 janvier, il introduit cette dérogation transitoire : « les médecins généralistes qui ne pourraient se prévaloir d’un parcours de développement professionnel continu en « Otologie médicale » sont toutefois autorisés à prescrire des aides auditives lors de la prescription relative à un premier appareillage, pour les adultes ou les enfants de plus de 6 ans, jusqu’au 31 août 2020 ».
Formation en construction
Contacté par L’Ouïe Magazine, le président du SNORL, Nils Morel a estimé : « ce report de quelques mois a un sens, pour ne pas mettre en difficulté certains patients dans certaines régions. Ce délai de 9 mois est bienvenu pour mettre en place la formation en otologie. Nous travaillons sur ce sujet dans une complète collaboration entre ORL et médecins généralistes ». Les chiffres des autorités de tutelle indiquent qu’environ 30 % des aides auditives délivrées seraient prescrites par des médecins non-ORL mais il n’y a pas de visibilité sur le nombre ou le profil des praticiens qui souhaiteront effectivement se former en otologie.