Pour Yves Lasry, le confinement a agi comme un accélérateur de projets. La fermeture des centres auditifs lui a donné le temps nécessaire pour mettre au point une solution complète de prise en charge audioprothétique à distance, au moment même où des besoins inédits se font jour. Confiné dans la région nantaise, il peaufine cette nouvelle approche, qui devrait éclore avant même le déconfinement.
« Un audiomètre à transducteurs déportés chez le patients »
Grand voyageur, Yves Lasry a vu venir le risque de crise sanitaire et réduit ses interactions sociales dès la mi-février. Salarié d’Amplifon depuis quelques mois, il a pu, dès l’annonce du confinement, se consacrer pleinement au développement de solutions d’audiométrie en ligne, au sein d’Audyx récemment renommé Koalys – à cause des grandes oreilles, naturellement ! Il a très vite été sollicité, en France et à l’étranger, sur les alternatives qu’il pouvait proposer étant donné que sa solution est pur web. « Assez tôt, je me suis demandé ce que l’on pouvait faire avec la ‘‘magie’’ d’internet, dit-il dans un sourire. Nous disposions déjà de plusieurs briques : la visio, l’audiométrie en ligne ; nous avons développé l’année dernière un pilote de téléconsultation ORL en centre auditif. Nous avons donc réassemblé ces différents éléments en concevant un audiomètre à transducteurs déportés… Chez le patient. »
Un casque, un lien
Voici comment les choses se présentent concrètement : l’audioprothésiste envoie à son patient un colis contenant un casque avec micro, grand public mais calibré, à brancher en filaire sur un PC, un Mac ou un portable Android, et une petite enceinte Bluetooth. Il lui adresse également un lien internet. « Chacun chez soi, le jour du rendez-vous, le patient clique sur ce lien et voit apparaître en plein écran son audioprothésiste (prévenu de l’appel visio dans la plateforme Koalys), détaille Yves Lasry. Via le casque, l’audio peut discuter avec lui, faire son anamnèse et réaliser son audiométrie tonale, ses seuils, ses niveaux de confort et d’inconfort, une audiométrie vocale classique ou adaptative, dans le silence ou bien dans le bruit. Un petit outil permettra également de mesurer la taille des oreilles pour définir l’écouteur le plus adapté. A l’issue du rendez-vous, l’audioprothésiste doit décider s’il pense le patient apte au télé-appareillage et lui demander s’il souhaite ce type de prise en charge. »
Une approche globale du télé-appareillage
Dans l’idée d’Yves Lasry, la suite se déroule sur le modèle de ce premier rendez-vous, avec envoi des appareils préparés par l’audioprothésiste au domicile du patient. A réception, l’enceinte Bluetooth, placée à 50 cm en face du patient, permettra de réaliser des tests en champ libre. Ce système donnerait aussi la possibilité au patient de s’auto-tester avant un rendez-vous de contrôle, par exemple. « Le but est évidemment de conserver une prise en charge de qualité, qui ne laisse pas de côté l’aspect psychologique, précise l’audioprothésiste. Il affirme qu’au sonomètre, aucune différence ne peut être constatée entre audiogramme et télé-audiogramme. « On peut imaginer un nombre de visites en centre minimal, voire nul, mais rien n’empêche d’en effectuer si besoin. Il n’est pas question d’affirmer que la téléconsultation est équivalente au rendez-vous en présentiel, mais on peut créer les conditions les moins dégradées possible. » Et Yves Lasry pense aussi, évidemment, aux prises en charges, à distance, des patients en Ehpad.
Des outils distants pour aujourd’hui et pour demain
La solution, pour l’instant baptisée Koalys Home Care, va être testée aux Etats-Unis et en Inde, laissant présager un lancement en France à la mi-mai. Yves Lasry y voit une « nouvelle approche qui ouvre, pour demain, des pratiques différentes et sympas ». Au-delà de la période, très particulière, du confinement, il pense que ces « outils distants pour faire des tests chez le patient » seront aussi utiles dans le cadre du 100 % santé car les audioprothésistes auront besoin d’aide pour conduire tous les tests requis par la nouvelle règlementation.
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