Ouïe Magazine
Publié le 11/05/2020

Selon les estimations du SNORL, près de 70 % des ORL ont connu une baisse d’activité supérieure à 70 % durant le confinement. Les médecins sont aujourd’hui prêts à reprendre les consultations en ville, sans difficulté particulière pour l’examen de l’audition, malgré le temps nécessaire au respect des précautions sanitaires. Notre échange avec le Dr Nils Morel.

« Des ORL vont être capables de fonctionner quasiment à plein, avec peut-être 10 % d’activité en moins, seulement freinés par l’application des gestes barrières, estime Nils Morel, président du Syndicat national des médecins spécialisés en ORL et chirurgie cervico-faciale. On s’aidera sans doute de la téléconsultation, afin d’avoir moins de monde dans les cabinets. Un tiers des ORL déclare aujourd’hui l’utiliser régulièrement alors que c’était quasi inexistant. Je pense que la demande va augmenter. » Certains cabinets ont totalement fermé durant le confinement, mais la plupart ont assuré les urgences et connu une activité croissante, quoique limitée, ces dernières semaines. La possibilité de reprendre ne doit pas masquer un relatif malaise du côté des médecins : dans un sondage réalisé par le SNORL – qui a reçu un nombre significatif de réponses – la moitié des ORL se sont déclarés inquiets quant à la reprise. Les trois quarts ont dit redouter une contamination dans le cadre professionnel. Et c’est très compréhensible : avec 11 % d’ORL touchés par le Covid-19, la spécialité a été, et reste, très exposée à la maladie.

 

« L’exploration de l’audition ne va pas nous poser trop de problème »

 

La pratique des ORL de ville comprend des actes plus ou moins à risque, au regard de l’épidémie. « L’exploration de l’audition ne va pas nous poser trop de problème, si ce n’est l’obligation de ventiler la cabine, pas toujours simple quand c’est une pièce aveugle… Les véritables activités à risques, pour les ORL, sont dans l’exploration du pharynx. » Les spécialistes bénéficient de dotations de masques FFP2 et disposent de lunettes de protection mais la dangerosité de la fibroscopie (qui induit un risque important de projection du virus, si le patient est contaminé) pourrait amener certains à en pratiquer très peu ou uniquement en milieu hospitalier. Pour les chirurgiens ORL, l’accès aux blocs reste compliqué, notamment dans les zones rouges.

 

« Les patients ont peur »

 

Le Dr Morel témoigne de la peur manifeste de certains patients, qui « s’assoient sans toucher les accoudoirs », mais surtout : « nous trouvons des pathologies à un stade plus avancé que ce que l’on voit habituellement ». L’impératif de rassurer les patients n’est donc pas une incantation abstraite. Hors cas particulier de la fibroscopie, les recommandations sanitaires suivies dans les cabinets d’ORL (le SNORL les a publiées le 29 avril) rejoignent dans leurs grandes lignes celles appliquées dans les centres d’audioprothèse : information préalable du patient sur les modalités  – être à l’heure, pas d’accompagnant, port du masque, questions sur la santé physique du patient -, gel hydroalcoolique, adaptation des locaux pour permettre la distanciation, masques à usage unique à disposition pour les patients qui n’en auraient pas en arrivant… Cela implique que les praticiens gèrent également leur agenda au plus juste, pour ne pas faire attendre les patients. « Toute cette organisation est plus ou moins difficile à mettre en place selon les cabinets : dans un centre médical réunissant plusieurs médecins, par exemple, c’est plus compliqué d’avoir un nombre minimal de patients qui attendent, précise Nils Morel. Le rythme de travail sera nécessairement réduit par la nécessité de nettoyer et d’aérer entre chaque patient. »

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