Ouïe Magazine
Publié le 18/06/2020

L’Unsaf a sondé les audioprothésistes sur les règles encadrant la pratique du métier et la communication dans le secteur. Une majorité de répondants estime souhaitable que les pouvoirs publics prennent en charge les campagnes de sensibilisation, mais aussi le contrôle et les sanctions des dérives.

L’Unsaf a réalisé un sondage1 auprès de ses adhérents et sympathisants début juin sur « les bonnes pratiques en audioprothèse ». Premier constat, les audioprothésistes connaissent plutôt bien les règles propres à leur profession : plus des 2/3 affirment savoir quels principes régissent le secret professionnel, les conditions d’installation et ceux à respecter pour les prises en charge… Cependant, seule une petite majorité connaît précisément les règles afférentes au RGPD et celles encadrant la communication (respectivement 66 et 59 %). Sur ce dernier point, on notera qu’il est logique que les audios n’aient pas une vision claire car la législation elle-même n’est pas limpide.

Des règles (et des sanctions) à compléter

Globalement, les sondés jugent que la règlementation n’est complète que sur les conditions d’installation et les obligations envers les patients. Pour le reste (relations avec les prescripteurs, actes réservés à l’audioprothésiste, actes réalisables à distance et promotion), ils estiment que les règles actuelles sont insuffisantes. Et une immense majorité considère qu’elles ne sont pas assez appliquées, en particulier concernant les actes réservés aux audioprothésistes et la promotion publicitaire (plus de 80 %).

Sondage Unsaf Application regles
Sondage Unsaf perception sanctions
Les répondants considèrent que les sanctions ne sont pas suffisamment dissuasives, en particulier dans les domaines pour lesquels ils trouvent la règlementation incomplète : promotion publicitaire et actes réservés aux audios. La proportion de réponses « Je ne sais pas » est ici extrêmement élevée. On peut supposer que les sanctions encourues ne sont pas toujours bien connues des audioprothésistes ayant répondu au sondage.

Quelles bonnes pratiques ?

Une série de questions visait ensuite à définir les contours des « bonnes pratiques » : présence dans les centres, prise en charge en dehors de ceux-ci ou à distance…

Sur les conditions d’exercice, les personnes ayant répondu au sondage de l’Unsaf considèrent que pour assurer un travail de qualité, un audioprothésiste ne devrait pas travailler dans plus de 3 établissements et que chaque centre devrait être ouvert au minimum 2 jours ½ par semaine, dont au moins 1 jour ½ en présence d’un audio diplômé.

Sur l’exercice hors centre, les avis sont tranchés concernant la pratique « dans une camionnette » : tout acte dans ce cadre est rejeté, y compris l’audiométrie. Via internet, seul l’envoi de réglages reçoit des avis favorables, l’idée d’un appareillage complet est récusée à 89 %. Mais sur les interventions à domicile, les opinions sont nettement plus nuancées : prises d’empreintes et modification des réglages sont jugées acceptables par 75 et 65 % des sondés et même l’audiométrie est possible pour une courte majorité. Le passage en centre reste cependant intangible pour les audios : seuls 31 % se disent favorables à un appareillage complet à domicile.

Enfin, concernant les messages promotionnels, les participants font nettement la différence entre la communication d’informations génériques (coordonnées, diplôme, caractéristiques techniques des appareils, slogan sur les services ou les bénéfices de la réhabilitation auditives), jugée positivement, et les discours sur le prix, très largement considérés comme « inacceptables ». Le détail des réponses est : ici.

L’adoption d’un recueil de bonnes pratiques plébiscitée

Sondage Unsaf regles definition controle

A total, 95 % des sondés se déclarent favorables à l’adoption d’un recueil de bonnes pratiques. Plus de 8 sur 10 souhaitent qu’il contienne des règles sur : les actes réservés, les conditions d’installation et d’exercice, les méthodes commerciales et la promotion publicitaire. Quant aux instances légitimes pour établir ce recueil, le Syndicat national des audioprothésistes et le Collège national d’audioprothèse arrivent en tête devant les pouvoirs publics. Mais les répondants considèrent que ceux-ci devraient être en charge du contrôle et des sanctions. On remarquera que l’idée d’un potentiel Ordre des audioprothésistes, pouvant tenir ce rôle, recueille une très large adhésion (71 %). Concernant la question de la promotion, enfin, tant pour « les audioprothésistes en tant que professionnels de santé » que pour « les aides auditives en tant que dispositif médical », les sondés considèrent à plus de 80 % que ce sont les pouvoirs publics et/ou l’Assurance maladie qui devraient s’en charger en priorité.

1 La consultation en ligne réalisée du 10 au 15 juin par l’Unsaf a reçu 427 réponses, 91% des répondants sont adhérents, près de 3/4 sont à leur compte, 2/3 d’entre aux gèrent plusieurs centres.

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