Ouïe Magazine
Publié le 09/10/2020

 

Une vaste étude internationale publiée cette semaine dans Science Translational Medicine montre l’efficacité de cette nouvelle approche dans le traitement des acouphènes.

 

L’idée de combiner l’écoute de sons et des stimulations électriques douces pour traiter les acouphènes n’est pas inédite. Cette approche bimodale repose sur le postulat que l’acouphène est, chez certains, lié à un dysfonctionnement du cerveau, certains neurones s’activant anormalement et provoquant la perception du bruit parasite. La toute récente publication d’un article sur « La neuromodulation bimodale combinant la stimulation du son et de la langue »* dans une revue scientifique à comité de lecture vient confirmer cette hypothèse. Des chercheurs irlandais, allemands, anglais et américains ont imaginé un protocole mis en œuvre dans une étude exploratoire randomisée en double aveugle sur 326 patients acouphéniques chroniques. Par séances d’une heure, les participants ont placé sur leur langue une palette délivrant un faible courant électrique (provoquant une sensation de fourmillement) tout en écoutant au casque des sons de différentes fréquences. Le principe de ce traitement expérimental est de stimuler certaines cellules cérébrales pour minorer l’activité de celles responsables de l’acouphène. Des tests sur modèle animal, menés par l’un des auteurs de l’étude, avaient préalablement montré que la langue était l’une des zones les plus pertinentes pour pareille stimulation.

Une efficacité à 12 mois

Les résultats cliniques ont été évalués après 12 semaines de traitement, puis de nouveau 1 an après celui-ci. 80 % des participants ont fait état d’une amélioration, avec une baisse moyenne de 14 points sur 100 dans les échelles d’évaluation de la sévérité des acouphènes. Un an plus tard, un bénéfice correspondant à une réduction de 12,7 à 14,5 points était toujours ressenti. C’est la première fois que la validité de l’approche bimodale est démontrée dans le traitement des acouphènes, sans évènement indésirable grave, avec des taux d’observance et de satisfaction élevés, indiquent les auteurs de l’étude.

 

 

*« Bimodal neuromodulation combining sound and tongue stimulation reduces tinnitus symptoms in a large randomized clinical study » (Science Translational Medicine, 7 Octobre 2020, vol. 12, n° 564) Brendan Conlon, Berthold Langguth, Caroline Hamilton, Stephen Hughes, Emma Meade, Ciara O Connor, Martin Schecklmann, Deborah A. Hall, Sven Vanneste, Sook Ling Leong, Thavakumar Subramaniam, Shona D’Arcy et Hubert H. Lim.
Retour à la liste des articles

Les immanquables

Titre

Aller en haut