Le Syndicat des audioprothésistes, en harmonie avec le récent cri d’alerte de la Fnea, souhaite que les ministères de la Santé et de l’Enseignement supérieur mènent l’enquête sur la légalité des formations initiales espagnoles en audioprothèse.
Partant de l’évolution positive apportée par l’arrivée des écoles d’audioprothèse sur la plateforme Parcoursup – candidats plus nombreux et fin du système des prépas – le SDA emboîte le pas de la Fédération nationale des étudiants en audioprothèse, qui a pris la parole 2 fois cette année pour dénoncer des dérives dans la formation. Le syndicat dénonce les « officines », proposant auparavant des préparations aux concours, qui sous couvert de « cours de soutien s’adressent à ceux qui n’ont pas un niveau suffisant pour intégrer les écoles françaises, et aux salariés, particulièrement ceux du secteur de l’optique ». Le principe de partenariats avec des établissements privés espagnols, dont la Fnea affirme qu’il est mis en œuvre par de grandes enseignes succursalistes, est récent mais pas nouveau : « la société Afflelou annonçait en 2016 vouloir “former du personnel en Espagne” », rappelle le SDA.
L’organisation professionnelle met en cause les modalités, la durée et la validité en général de ces formations espagnoles : diplôme obtenu en France, après des cours traduits, sur 14 mois intensifs en parallèle d’une activité professionnelle, pour un coût pouvant atteindre 12 000 euros par an. Il met ces cursus « au rabais », selon les mots de la Fnea, en regard de la formation au diplôme d’Etat français, obtenu dans des universités publiques après 3 ans dont 11 mois de stages (en institution gérontologique, en service hospitalier ORL, auprès d’un audioprothésiste confirmé).
Nécessité d’une enquête officielle sur les formations espagnoles
« Si ce mouvement devait perdurer, à terme coexisteraient des audioprothésistes convenablement formés et des professionnels issus de ces “officines”, dont la qualité de formation n’a été vérifiée par aucune autorité, qu’elle soit française ou espagnole », avertit le syndicat. Il a donc pris une consultation juridique, qui l’amène aujourd’hui à demander officiellement aux ministères des Solidarités et de la Santé, et de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, « de mettre en œuvre dans les plus brefs délais ces investigations et actions afin de vérifier la légalité des formations dispensées et, le cas échéant, de mettre fin à ces dérives dont les premières victimes sont les patients ». En effet, la règlementation européenne accordant, sur le papier, les mêmes droits aux diplômes qu’ils soient obtenus en France ou dans un autre pays de l’UE, les patients ne sont pas informés du cursus suivi par les professionnels qu’ils rencontrent.