Alors que, dès le 1er janvier, tous les Français pourront se faire appareiller sans reste charge, le Syndicat des audioprothésistes attire l’attention sur les risques susceptibles de compromettre le succès de la réforme : la communication de certaines enseignes et la restriction de la liberté de choix des patients par des Ocam.
Le SDA, qui s’est insurgé à plusieurs reprises contre les offres commerciales de certains acteurs de la distribution d’aides auditives (comme Alain Afflelou ou encore Optical Center), monte à nouveau au créneau contre les « publicités trompeuses et mercantiles induisant une consommation non médicalement justifiée ». Son président Luis Godinho répète, à titre d’exemple, qu’il n’existe « aucune justification médicale à posséder une deuxième paire d’aides auditives ou encore à offrir un smartphone, afin de palier un trouble auditif ». Militant pour la mise en place d’un cadre déontologique rénové, il souligne que ces offres sont aussi dénoncées par les associations de patients et rappelle que, déjà en 2013, l’Igas (Inspection générale des affaires sociales) recommandait une régulation de la publicité en audioprothèse. « La mise en place du 100 % santé découle d’un impératif de santé publique. Elle induit un effort financier substantiel de l’Assurance maladie et des complémentaires santé. Il est inopportun que tout ou partie de ces moyens nouveaux soient détournés dans des campagnes publicitaires contreproductives », déclare-t-il.
“Les assurances complémentaires santé doivent préserver le libre choix des patients”, insiste le SDA
A quelques jours de la mise en œuvre totale de la réforme, l’autre cheval de bataille du SDA est la prise en charge des aides auditives de classe II. Dans la lignée du signal d’alarme lancé en début d’année, le syndicat s’inquiète de voir certaines complémentaires santé abaisser significativement le niveau de remboursement de ces appareils, faisant augmenter de manière importante le reste à charge pour les patients qui souhaitent avoir accès à une solution plus évoluée ou plus adaptée à leurs besoins. « Il est faux de dire que la classe II, c’est du luxe ! », répète Luis Godinho. « Cette situation restreint le libre choix de l’équipement par le patient en excluant de fait l’accessibilité à tous les matériels hors 100 % santé, notamment pour les plus modestes. Les études le montrent, l’usager qui ne peut choisir son équipement s’implique beaucoup moins pour optimiser et utiliser son appareil au quotidien, avec des abandons plus nombreux à la clé », indique le SDA en rappelant que le respect de la liberté de choix est inscrit dans l’accord de 2018.
Un mauvais calcul pour les Ocam
Dans ce contexte, l’organisation professionnelle demande aux Ocam de garantir un remboursement minimal équivalent pour la classe I et la classe II, quel que soit le dispositif choisi par l’assuré. Elle mise sur la pédagogie auprès des organismes, en leur rappelant notamment que l’appareillage auditif est un moyen de prévenir les troubles cognitifs, et que la Sécurité sociale joue le jeu de son côté en offrant la même prise en charge pour les deux classes. Le SDA souligne en outre que les Ocam qui proposeront un remboursement moindre pour la classe II ne feront pas d’économies (puisque la plupart de leurs assurés se tourneront vers un produit de classe I, qu’ils devront prendre en charge à hauteur de 710€) et terniront leur image aux yeux du public : « il leur sera difficile voire impossible d’expliquer aux assurés que les appareils plus performants seront moins bien remboursés. » Le syndicat suggère enfin qu’une telle situation introduit une forme de sélection de clientèle en détournant les seniors de ces contrats, ce qui pourrait constituer une forme de concurrence déloyale entre ces complémentaires santé et celles, comme Unéo, qui ont décidé de prendre en charge au même niveau toutes les aides auditives.
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