Les étudiants des écoles d’audioprothèse subissent les restrictions liées à la crise sanitaire et économique comme ceux des autres filières. La Fnea a sondé dans le détail leur moral, leur motivation et leur situation financière.
Près de la moitié des 794 étudiants audioprothésistes ont répondu au questionnaire établi par la Fédération nationale, ce qui confère à ce sondage une forte représentativité. La synthèse des chiffres brosse un tableau peu réjouissant, comme l’on pouvait s’y attendre, mais laisse penser que la filière est légèrement préservée par rapport à d’autres.
Stress, dépression, difficultés financières, perte de motivation voire même idées suicidaires : les conséquences de la crise sanitaire sur les futurs audioprothésistes sont aussi diverses que préoccupantes. Les répondants se disent très majoritairement en bonne santé physique, mais 46,1 % d’entre eux estiment qu’elle s’est dégradée ces derniers mois. Et pour la santé psychologique, exactement la moitié l’estime « plutôt » ou « très » mauvaise et près de 7 sur 10 considèrent qu’elle s’est dégradée (69,5 %). La même proportion note une augmentation de son niveau de stress. Très impactés par l’isolement social, les étudiants rapportent diverses manifestations de souffrance psychique : troubles du sommeil (cités par près de 1 sur 2), de l’alimentation (près de 30 %), crises d’angoisse et dépression (citées, chacune, par 15 % environ des répondants), et 3,5 % des répondants confient avoir eu des idées suicidaires. Signe d’une grande impuissance, les 3 quarts des étudiants sondés indiquent d’avoir rien fait, face à ces multiples symptômes.
8 étudiants sur 10 pensent que la crise sanitaire aura un impact sur leur réussite universitaire
En plus de l’isolement et du stress, d’autres facteurs pèsent sur les étudiants en audioprothèse depuis le 1er confinement : un peu plus d’un quart (26,2 %) constate que sa situation financière s’est dégradée. On le sait, de nombreux jobs d’étudiants ont été suspendus ou supprimés ces derniers mois. Concernant les études elles-mêmes, les jeunes sondés montrent de grandes inquiétudes : 8 sur 10 pense que la crise sanitaire aura des conséquences sur leur réussite universitaire. Chose sans doute inédite en audio, la motivation est en berne et la notion de décrochage est bien présente. Près de 85 % des répondants disent avoir partiellement ou complètement (près de 25 %) décroché des cours théoriques en distanciel. La peur de l’échec universitaire concerne 56,4 % des sondés et celle de ne pas trouver un emploi en fin d’études 13,8 %.
Un appel à la bienveillance
Avec la publication des résultats de ce sondage, la Fnea veut alerter. Elle s’est d’ailleurs associée à la journée nationale de mobilisation contre la souffrance étudiante. Certains éléments permettent cependant de garder l’espoir d’une amélioration. « Les étudiants attendent leurs périodes de stages pour ressortir et nous espérons que cela aura un effet positif sur leur santé mentale, rapporte Dylan Giran, président de la Fnea. Ce qui domine actuellement, c’est un sentiment d’abandon. Les étudiants ont besoin de se serrer les coudes, entre eux, mais aussi de recevoir un discours de bienveillance, de proximité, de la part de leurs enseignants et des directeurs d’écoles. » La fédération note que les mesures palliatives annoncées par le gouvernement comme le repas au restaurant universitaire à 1 € ou le “chèque Psy” « ne traitent pas le fond du mal-être ». Elle lance cet appel : « bienveillance, écoute, entraide et échanges, autant d’éléments qui permettront aux étudiants en audioprothèse de traverser cette crise ».