Contrairement aux adultes, les jeunes enfants se fient plus à leurs perceptions auditives que visuelles quand il s’agit de décrypter les émotions de la personne en face d’eux. C’est la conclusion d’une très récente étude britannique, qui invite à mettre en perspective l’“effet Colavita”.
Il a été montré que les adultes ont tendance à privilégier le signal visuel à l’auditif quand ils sont soumis à une stimulation bimodale : c’est l’“effet Colavita”, du nom du chercheur qui a identifié ce phénomène. Une équipe du département de psychologie de l’Université de Durham au Royaume-Uni a cherché à vérifier si cette prégnance du visuel se retrouvait dans les processus attentionnels des enfants. Ils ont présenté des stimuli – des attitudes corporelles et des voix exprimant 4 émotions : joie, crainte, tristesse et colère – à des groupes de sujets répartis par âge, moins de 8 ans, de 8 à 11 ans et plus de 18 ans. Tandis que les adultes peuvent sans grande difficulté identifier une émotion exprimée par le corps, en ignorant les informations divergentes données par une voix, les enfants de moins de 8 ans n’y parviennent que très difficilement : chez eux, le stimulus auditif l’emporte très largement, ont constaté les auteurs de l’étude. Ils estiment que leur travail constitue la première preuve, à ce jour, de la prééminence du signal auditif dans la réception des émotions par les enfants.
* Children cannot ignore what they hear: Incongruent emotional information leads to an auditory dominance in children, Paddy Rossa, Beth Atkinsa, Laura Allisona, Holly Simpsona, Catherine Duffella, Matthew Williamsab, Olga Ermolina, Journal of Experimental Child Psychology, Avril 2021.