Ouïe Magazine
Publié le 31/03/2021

Quelques semaines après son élection à la présidence du Syndicat national des entreprises de l’audition, L’Ouïe Magazine a interviewé Richard Darmon sur les sujets phares du secteur et les chantiers prioritaires du Synea.

Pouvez-vous nous rappeler brièvement votre parcours ?


J’ai été président d’Amplifon France pendant 12 ans, de 2007 à 2019. Grâce à cette expérience, j’ai acquis une bonne connaissance des métiers de l’audioprothèse. C’est une profession à laquelle je suis très attaché car elle est constituée d’hommes et de femmes de passion, qui mettent leur patient au coeur de leur travail. Avant mon arrivée dans ce secteur, j’ai dirigé des entreprises dans les domaines de l’industrie pharmaceutique et des soins à domicile, qui présentent des similarités avec celui de l’audition en termes de prise en charge des patients. Depuis 2019, j’exerce une activité de conseil dans le domaine de la santé.

Depuis janvier, le 100 % santé occupe une place majeure dans l’actualité du secteur. Quelles sont vos attentes et vos inquiétudes vis-à-vis de ce sujet ?


Je tiens d’abord à dire qu’il s’agit d’une belle réforme, utile aux malentendants et originale. Nous sommes parvenus à atteindre un reste à charge nul grâce à l’effort conjugué des trois principaux acteurs de la filière : les audioprothésistes qui ont accepté un encadrement et une baisse des prix de la classe I, la Sécurité sociale qui a doublé son remboursement et les Ocam qui complètent ces remboursements. Le 100% santé nous donne ainsi l’espoir d’une disparition du renoncement aux soins pour des questions financières. C’est une avancée majeure qui place la France parmi les pays les plus avancés sur la prise en charge des troubles de l’audition. Notre principale inquiétude réside dans la politique des complémentaires santé qui pratiquent des différences de remboursements, parfois très importantes, entre la classe I et la classe II. Les appareils de classe II, ne sont pas des produits de luxe. Ils répondent à des pathologies ou des besoins complexes de nombreux patients. Ils apportent aussi des améliorations favorables à l’observance, qui est la clé d’un bon appareillage. Il est dommage que certains Ocam n’aient pas pris en compte cette dimension médicale et n’aient pas suivi la position de la Sécurité sociale qui rembourse de la même façon les deux classes. Cette situation engendre un vrai sujet de liberté de choix et d’équité entre les patients. Elle a, de plus, un impact négatif sur l’image de la réforme. Certains malentendants vont ainsi se sentir exclu de ces progrès. C’est particulièrement vrai au moment du renouvellement puisque près de 90 % des patients étaient équipés en classe II avant le 100 % santé. S’ils renouvellent leur appareillage en classe I, pour ne pas être pénalisé financièrement, alors ils percevront la réforme comme une régression pour eux.

Comment avez-vous décidé d’agir ?


Nous avons mis en place un observatoire des remboursements sur la base des informations récoltées par les enseignes membres du Synea. Les premières données montrent qu’environ 60 % des contrats remboursent moins la classe II que la classe I. Nous avons été surpris par ce niveau très élevé, d’autant que nous constatons en général un écart important de remboursement entre les 2 classes. Pour la grande majorité des contrats concernés, il est supérieur à 150 euros. Face à cette situation, nous souhaitons, avant tout, partager le constat et nos analyses, que nous allons affiner, avec le ministère de la Santé et les complémentaires. Ces dernières semblent avoir besoin de recul pour cumuler les impacts du 100% santé dans les différents métiers. Nous ne voulons pas que les malentendants soient la variable d’ajustement de cette réforme. Ce serait d’autant plus regrettable qu’elle ciblait l’audition comme le domaine où le reste à charge était tout particulièrement élevé.

La réforme vise à faire cohabiter une classe I encadrée et une classe II très ouverte car les pouvoirs publics souhaitaient préserver le libre choix des patients et la capacité d’innovation des fabricants.


Irez-vous jusqu’à demander au gouvernement de légiférer ?


Non. La réforme vise à faire cohabiter une classe I encadrée et une classe II très ouverte car les pouvoirs publics souhaitaient préserver le libre choix des patients et la capacité d’innovation des fabricants. Légiférer serait incompatible avec ces deux éléments. La réforme prévoit un comité de suivi qui se réunit effectivement régulièrement. C’est le lieu où nous pouvons expliquer les risques pour les patients et l’impact d’image pour la réforme.

L’interview intégrale est à lire dans le nouveau numéro de L’Ouïe Magazine (Mars-Avril 2021).

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