Dans une enquête menée par l’institut Elabe pour Malakoff Humanis*, grand public comme chefs d’entreprise défendent le modèle français de couverture santé, qui coordonne prise en charge par l’Assurance maladie publique et par les assurances complémentaires.
C’est sans doute l’un des rares sujets qui met tous les Français d’accord : ils estiment que leur système de santé fonctionne bien, à 78 % (83 % chez les 65 ans et plus), et même à 93 % pour les dirigeants d’entreprises. La qualité des soins, l’efficacité et la rapidité de prise en charge puis la faiblesse du RAC (parmi les plus restreints au monde) en sont les points forts dans l’esprit des Français, comme des patrons. Le grand public semble cependant plus attaché que les employeurs à l’individualisation de la prise en charge.
La majorité des Français estime que la coexistence RO-RC est indispensable au bon fonctionnement de notre système de santé
Une majorité nette – 61 % du grand public, 56 % des dirigeants – considère que notre système de santé repose essentiellement sur la complémentarité de l’Assurance maladie et des Ocam. Cependant un peu plus d’un quart des assurés (27 %) accorde la prééminence à la première, tandis que presque un quart des employeurs (24 %) estime au contraire qu’elle revient aux complémentaires. Les deux sont pourtant jugées à la hauteur de leurs missions par les Français en général et les chefs d’entreprises en particulier : respectivement à 75 et 90 % pour l’Assurance maladie, et à 75 et 86 % pour les complémentaires.
On trouve également un consensus sur la question de la bonne gestion financière : une minorité, dans le grand public comme parmi les patrons, pense que l’Assurance maladie est à même d’assurer un équilibre financier, tandis qu’une majorité fait confiance aux complémentaires santé sur ce point (62 % des Français, 70 % des chefs d’entreprise). En revanche, les patrons divergent de l’avis général des Français quant à la pérennité du système actuel : 57 % des patrons pensent que le mode de financement actuel ne permet pas de l’assurer, alors qu’une petite minorité du grand public (51 %) reste confiant dans sa durabilité.
Ni nationalisation, ni privatisation
L’attachement des Français à leur système de santé se manifeste clairement quand le sondeur leur soumet des scénarios d’évolution possibles. La « nationalisation » n’est soutenue que par moins d’un quart des répondants (21 % du grand public, 23 % des employeurs), la privatisation séduit encore moins (10 % tous statuts confondus, 14 % des patrons). Plus de 70 % des dirigeants estiment qu’une nationalisation ferait enfler leurs cotisations, mais aussi qu’elle engendrerait une « santé à deux vitesses ». Les Français en général y voient (à plus de 75 %) un risque d’augmentation de leur RAC et d’un nivellement par le bas des remboursements, en particulier pour les aides auditives et les lunettes.
Tous les types de répondants préfèrent le maintien du fonctionnement actuel (respectivement à 68 et 63 %). Outre la conjonction du RO et du RC, les Français se montrent attachés au financement de la couverture complémentaire par les employeurs et ceux-ci expriment (à 91 %) l’importance de garder la liberté de choisir l’« Ocam qui correspond le mieux aux besoins de leurs salariés ». Mais 43 % des chefs d’entreprises pensent « probable » que l’on se dirige vers une privatisation (27 % des Français, globalement, le pensent).