Ouïe Magazine
Publié le 07/10/2021

L’enquête Ifop-JNA réalisée en prélude de la 6e Semaine de la santé auditive au travail, qui débute lundi prochain, montre que la perception des impacts du bruit est de plus en plus marquée, en particulier chez les 25-34 ans.

Santé auditive au travail : les (jeunes) actifs tolèrent de moins en moins le bruit

49 % des personnes interrogées par l’Ifop pour la JNA* se disent victimes de nuisances sonores sur leur lieu de travail. Le chiffre passe sous la barre symbolique des 50 %, mais il est en trompe-l’œil : les télétravailleurs se disent encore majoritairement gênés par le bruit, ainsi que 61 % des non-diplômés et 54 % des 25-34 ans.

La reprise du travail en présentiel s’accompagne d’une augmentation de l’exposition aux nuisances sonores, 3 fois sur 10, en particulier pour les télétravailleurs réguliers.  

La conscience des impacts négatifs du bruit continue à progresser. 70 % des sondés déclarent au moins une répercussion dans leur quotidien : impacts extra-auditifs (fatigue-irritabilité, stress, troubles du sommeil, etc.) et auditifs (gêne pour 43 %, acouphènes pour 38 %). Parmi les personnes directement concernées par le bruit au travail, une majorité rapporte des conséquences en termes de relations sociales : incompréhensions, agressivité, conflits.

Santé auditive au travail : les (jeunes) actifs tolèrent de moins en moins le bruit

Les difficultés de compréhension et d’écoute liées aux échanges à distance sont stationnaires par rapport à l’année dernière, sans doute parce que ces pratiques se sont généralisées, que l’habitude en est prise et/ou que les personnes ont de meilleurs équipements. Mais ces problèmes demeurent sur-représentés chez les moins de 35 ans (55 % les déclarent vs 45 % tous âges confondus).

 

« Cette enquête tord le cou à beaucoup d’idées reçues, contrairement à ce que l’on aurait pu imaginer, la période post-Covid augmente la sensibilité au bruit, les gens qui reviennent sur leur lieu de travail le supportent moins et cela concerne notamment les jeunes, qui ne le tolèrent plus », a décrypté Jean-Luc Puel, directeur de recherche Inserm à Montpellier, président de l’association JNA.

 

Santé auditive au travail : les (jeunes) actifs tolèrent de moins en moins le bruit
Une majorité des personnes gênées par le bruit au travail disent toujours n’avoir pas recherché de solution. Mais elles hésitent de moins en moins à demander des équipements (34 %) ou des protections (24 %), à avoir fait ou à envisager un test auditif (48 %), à consulter un médecin (26 %).

Le fatalisme quant au bruit au travail est en recul, même s’il est encore présent : autour du tiers des interrogés pensent que le bruit contribue au dynamisme dans le travail, qu’on ne peut pas faire grand-chose ou s’estiment sous-informés sur les conséquences du bruit pour la santé en général.

Un problème “bio-psycho-social”

Analysant les résultats de l’enquête, le Pr. Frédéric Venail, responsable de l’équipe Otologie et neurotologie au centre hospitalier Gui de Chauliac, a déclaré : « On a vu des personnes gênées par le bruit au moment de leur retour en présentiel, le contexte stressant a pu exacerber des acouphènes qui étaient auparavant minimes… Mais globalement il semble que le problème soit plus d’origine sociale que médicale, c’est donc un travail plus collectif qu’individuel qu’il va falloir mener ». Il a cependant insisté sur la situation des personnes malentendantes : « être dans des environnements bruyants a un impact beaucoup plus important sur elle, il faut en tenir compte dans les politiques de prévention et de santé publique ».

Le Dr Cédric Aubert, médecin du travail chez BD France, a quant à lui décrit la situation actuelle comme une réalité « bio-psycho-sociale » : « la hausse de la sensibilité au bruit a permis certains dépistages de surdité, qui ne se serait pas manifestée en dehors du port du masque, parfois chez des personnes très jeunes ».

Le message porté cette année pour la Semaine de la santé au travail, du 11 au 15 octobre, auprès des entreprises et des managers est le suivant : entendre la plainte des actifs, l’écouter et agir pour y remédier dans une approche holistique.

* « Bruit et santé au travail. Freins et idées reçues », réalisée en ligne du 16 au 20 septembre. Echantillon représentatif de 1663 personnes, dont 10 % de non-salariés.
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