Accompagner l’évolution professionnelle des salariés fait partie des missions clés d’un employeur, en audio comme dans tous les secteurs. Edouard Pédarregaix, à la tête de 6 laboratoires Audition Pédarregaix dans les Pyrénées-Atlantiques, partage son expérience en la matière.
Un levier de différenciation
« Le seul moyen de différenciation pour un audioprothésiste indépendant comme moi, c’est la technique. Je ne fais peut-être pas aussi bien que mes concurrents en publicité, en relationnel ORL, en présence sur les congrès… Mais je veux que mes 4 collaborateurs audioprothésistes soient tous au même niveau technique que moi. J’ai eu l’occasion de le mesurer, l’évolution de l’activité est intimement liée au niveau de formation : c’est l’un des rares vecteurs qui permet d’attirer de nouveaux patients. »
Un investissement
« Permettre aux salariés de se former n’est pas compliqué mais a un coût, en argent et en temps. Je trouve qu’investir dans la formation est plus judicieux économiquement que dans la publicité que mes concurrents maîtrisent mieux que moi. Passer la certification Afnor Qualité de service Audioprothésiste m’a obligé à m’interroger sur ce sujet, mais je reste dans une gestion humaine, familiale, des ressources humaines. Je conduis des entretiens individuels, au cours desquels nous parlons des projets de formation, que je décide au cas par cas, en fonction des envies et du niveau du salarié. »
Un facteur de légitimité pour l’employeur
« Cette année, deux de mes collaboratrices et moi-même avons passé le DU Audioprothèse implantable. Pour être cohérent et légitime, j’estime que je dois être aussi pointu que mes salariés, sinon je ne peux pas leur donner de conseils et de directives : j’espère leur apporter autant d’atouts théoriques que pratiques. »
Un atout pour attirer des candidats ?
« Dès l’entretien d’embauche, je précise que j’ai un niveau d’exigence technique élevé. Dans tous nos laboratoires, nous travaillons avec le matériel le plus récent et précis qui soit, et je propose les formations qui permettent de les exploiter à 100 %. C’est un passage obligatoire. Deux audioprothésistes récemment arrivés sont allés immédiatement en formation sur la mesure in-vivo avec l’une des références en la matière : Xavier Delerce. Pendant plusieurs mois, je travaille un jour par semaine avec les nouvelles recrues pour leur montrer ce que je souhaite. De plus, un bon audioprothésiste doit être capable d’effectuer avec maîtrise toutes les tâches demandées à nos assistantes, tant en termes de gestion administrative que de suivi technique et financier de tous nos patients. »
Un élément de fidélisation
« Actuellement, tous les audioprothésistes vivent bien de leur métier : certains sont peu curieux, d’autres ont besoin d’être nourris intellectuellement : il faut répondre à cette attente. Je n’ai pas la certitude qu’ils resteront toute leur carrière dans nos laboratoires, mais j’imagine qu’il y aura moins de turn over en accompagnant ceux qui ont envie de monter en compétences. »
Un critère de choix d’un employeur ?
« Ceux qui ont l’envie de progresser continuellement voient très bien qu’avec l’exigence technique demandée et les formations que je propose, ils pourront étoffer leur CV et surtout s’épanouir au quotidien dans leur métier. C’est une prise de conscience qui leur vient avec les années passées dans mes laboratoires. Les jeunes audioprothésistes parlent beaucoup plus entre eux que les générations précédentes, ils sont plus à même de faire la différence entre des enseignes promettant des formations qui tardent à venir, et les audioprothésistes indépendants qui les leur imposent, pour que la qualité de leurs appareillages soit toujours optimale. »
Progresser pour prendre des responsabilités
« J’ai le sentiment que les plus jeunes audios n’envisagent que deux statuts : le salariat « basique » sans responsabilités, d’une part, ou le fait de se mettre à leur compte, d’autre part. Pourtant, il y a des possibilités d’évolution en tant que salarié, comme prendre la tête d’un ou plusieurs centres, gérer la communication des laboratoires, se spécialiser en pédiatrie ou dans la prise en charge des acouphéniques, organiser des veilles techniques avec leurs collaborateurs ou nos correspondants médicaux, être le référent Afnor… Ils peuvent ainsi avoir des responsabilités importantes sans les contraintes de gestion du quotidien du laboratoire dans lequel ils travaillent. »