A l’approche de l’élection présidentielle et dans le cadre de la démarche Place de la Santé, la Mutualité française a présenté le 13 janvier ses propositions et ses premiers décryptages des programmes des candidats. Elle s’est exprimée sur le scénario, plusieurs fois évoqué, d’un transfert total de la prise en charge des produits du marché libre aux Ocam.
Interrogée par L’Ouïe Magazine, Séverine Salgado, directrice générale de la Mutualité française, s’est prononcée sur l’hypothèse d’un désengagement de la Sécurité sociale sur les équipements hors 100 % santé dans les domaines de l’audioprothèse, de l’optique et du dentaire (cette option a été évoquée ces derniers mois par la Cour des comptes et le HCAAM). « Ce scénario du décroisement ne tient pas la route très longtemps », nous a-t-elle répondu. Elle a reconnu qu’il est certes « séduisant au premier abord, car il paraît plus fluide et plus souple » que le système actuel combinant RO et RC, mais estime que ses effets sur le long terme seront négatifs.
La Mutualité craint qu’une telle réforme ait pour conséquence une spécialisation des complémentaires santé dans des soins non récurrents, dont les aides auditives, ce qui s’oppose au principe de mutualisation. « Ce serait les ‘mauvais risques’ qui souscriraient les Ocam, explique Sévérine Salgado. Si la Sécurité sociale ne finance que les soins du 100 % santé, ceux-ci ne vont pas évoluer car celle-ci a toujours la volonté de modérer les dépenses. On aboutirait par ailleurs à une assurance santé dérégulée, à une médecine à deux vitesses et le risque de renoncement aux soins augmenterait. »
Des dépenses sous-estimées en audio
Eric Chenut, président de la Mutualité française, s’est quant à lui exprimé sur la hausse des cotisations des mutuelles, qu’il lie notamment à celle des dépenses engagées par les Ocam pour financer le 100 % santé, alors même que les complémentaires santé s’étaient engagées à ne pas les répercuter sur leurs tarifs. « Nous avions sous-estimé le niveau de renoncements aux soins dans l’audio et le dentaire. Les simulations nous montraient qu’il y aurait une augmentation de la dépense, mais elle a été beaucoup plus importante que prévu », a-t-il expliqué, en soulignant que les économies espérées sur l’optique « n’y sont pas », compte tenu du faible taux de recours au 100 % santé dans ce secteur. Dans ce contexte, il déclare que la non augmentation des cotisations « n’est pas réaliste », en appelant à développer la prévention pour limiter la dépense sur le long terme.