En perspective de la JNA 2022, qui aura lieu jeudi 10 mars, l’association éponyme a dévoilé les résultats de sa nouvelle enquête réalisée avec l’Ifop, intitulée « Bruit et santé, les décibels de la discorde »*. Ils mettent en exergue un fort déficit d’information des Français sur les problèmes auditifs, dans un contexte de hausse des nuisances sonores et de leur impact.
Selon l’enquête JNA-Ifop 2022, plus de la moitié (55 %) des Français se disent mal ou pas du tout informés sur la surdité et les acouphènes. Les troubles auditifs se situent ainsi à la queue du peloton des sujets d’information en santé, alors même qu’ils figurent au 5ème rang des inquiétudes dans ce domaine. Autre enseignement de l’enquête : 7 Français sur 10 se disent gênés par le bruit (21 % déclarent que leur sensibilité au bruit a augmenté avec la crise sanitaire) et autant se sentent agressés par les nuisances sonores à leur domicile ou en dehors des lieux de travail ou scolaire. Une forte majorité des sondés ressent par ailleurs des difficultés à suivre les conversations à cause du bruit ambiant et ce, dans la plupart des lieux (restaurant, espace public, transports en commun, etc.). Lorsqu’ils sont exposés à des volumes sonores excessifs, 87 % des Français adoptent au moins un comportement responsable : 72 % fuient les lieux bruyants, 66 % limitent le volume d’écoute de la musique, mais seulement 26 % portent des protections auditives (31 % des moins de 35 ans). En revanche, 23 % couvrent le bruit excessif avec de la musique dans leurs écouteurs (42 % des moins de 35 ans !) et 22 % en allumant la télévision ou la radio.
Le sondage montre que les impacts du bruit sur la santé ont augmenté depuis 2020, notamment en ce qui concerne les troubles du sommeil (+10 points), la fatigue (+6 points), le stress (+7 points) et les gênes de compréhension de la parole (+6 points). « Les moins de 35 ans déclarent en moyenne un impact plus fort par rapport à l’ensemble », s’inquiète la JNA. Une situation d’autant plus préoccupante que seulement 2 Français sur 10 évoquent ces gênes avec leur médecin traitant et que près de la moitié d’entre eux n’ont pas l’intention de réaliser un bilan de leur audition chez l’ORL.
Plus de 80 % des sondés estiment que les enjeux relatifs au bruit et aux expositions sonores sont absents des débats de l’élection présidentielle. L’association JNA regrette fortement cette situation, d’autant plus que les effets sur l’audition dévoilent de grandes inégalités sociales dans le parcours de santé de l’audition. « L’audition en tant que facteur clé de santé et de vie sociale est aujourd’hui plus qu’hier à considérer comme indicateur général de santé mais aussi comme critère d’environnement de vie décente pour tous. Ce critère est pourtant inscrit aux objectifs de l’ONU », souligne l’organisation. Forte des enseignements de ce récent sondage, elle préconise de lancer un plan national de réduction de bruit et de reconnaître l’audition comme grande cause nationale (une idée approuvée par les trois quarts des Français). Il s’agirait notamment de questionner les expositions au bruit lors de toute prise en charge médicale et de généraliser les dépistages de repérage et d’orientation médicale. « La communauté JNA composée de 2 000 acteurs locaux actifs sur le terrain est prête », indique-t-elle.
*Enquête menée du 21 au 26 janvier 2022 auprès d’un échantillon de 1004 personnes, représentatif de la population française âgée de 15 ans et plus.
