La première table ronde du Congrès était ce matin consacrée à la nouvelle convention avec l’Assurance maladie. Elle a réuni Marguerite Cazeneuve, directrice déléguée de la Cnam, Marc Leclère, président de l’Unocam, Marc Greco, ex-président du Synam, Richard Darmon, président du Synea et Luis Godinho, président du SDA.
Orientées essentiellement sur des généralités, les discussions ont mis en exergue la nécessité d’une nouvelle convention. Marguerite Cazeneuve a rappelé que, depuis 1992, les relations entre les audioprothésistes et l’Assurance maladie sont régis par des « bizarreries d’accords régionaux » et qu’il était donc important de se mettre autour de la table pour donner un cadre national à la pratique. Assurant que le texte sera signé par le gouvernement dans les prochains jours, ce qui permettra sa mise en œuvre, la directrice déléguée de la Cnam est revenue sur le succès du 100 % santé dans ce secteur. « On ne s’attendait pas à ce que ça fonctionne aussi vite aussi bien. Les objectifs ont été atteints très vite, voire dépassés. Il y a eu une vraie mobilisation de la profession. On a construit ensemble une réforme en parlant de santé publique, de parcours de soins. Cette réforme traduit aussi une nouveauté pour l’Assurance maladie, qui se projette cette fois sur le long terme, avec des coûts assumés car bénéfiques pour le patient. »
Marc Gréco a quant à lui souligné que l’aboutissement du 100 % santé passait par une convention avec l’Assurance maladie, qui se « voulait plus ambitieuse qu’en 1992, avec 2 volets », l’un axé sur le remboursement, l’autre sur les règles professionnelles. Pour Richard Darmon, qui a souligné un dialogue de très bon niveau entre les signataires, le consensus final intègre à la fois des choses concrètes (sur le renouvellement, la C2S…) mais aussi des principes visant à un meilleur fonctionnement de la profession. « Au-delà de l’adaptation juridique, il y a eu une volonté de toutes les parties de moderniser la profession », par exemple avec la téléaudiologie. « On a inscrit l’interdiction d’appareiller hors centre mais aussi l’expérimentation en Ehpad. L’article 14 précise que ces prestations sont en dehors des rendez-vous prévus par la nomenclature. »
« Votre métier se rapproche du pharmacien »
Lors de cette table ronde, Luis Godinho a regretté que le métier d’audioprothésiste et les dégâts liés à un déficit auditif non corrigés sont encore sous-estimés. « L’enjeu de santé publique, bien souligné par le rapport Igas, n’est pas reconnu à sa juste mesure. La mission a aussi relevé le rôle central de l’audio. Les audios sont distributeurs de biens mais aussi prestataires de services de santé. Ces constats ne plaident-ils pas pour un repositionnement du métier dans le champ de la rééducation et non plus de l’appareillage ? », a questionné le président du SDA. Marguerite Cazeneuve n’a pas fermé la porte à cette éventualité, remarquant que « la convention va dans ce sens. Votre métier se rapproche du pharmacien. On a un intérêt collectif à aller dans une logique qui valorise le plus possible la pratique professionnelle. Nous allons déjà mettre en place cette convention mais les audioprothésistes et les pouvoirs publics ont un intérêt convergent à valoriser le métier ».
Les Ocam vigilants sur la télétransmission du suivi
Rappelant que la convention Cnam est un outil de définition du tiers payant, Richard Darmon s’est satisfait de la volonté affichée par les signataires de développer ce dispositif : « C’est un complément très clair de l’accessibilité. La convention fixe un cadre précis et des compensations financières. Mais le Synea considère que le tiers payant doit s’appliquer à tous les produits et tous les centres », et non pas seulement à la classe I. Sur ce sujet, Marc Leclère, président de l’Unocam (première fois signataire d’une convention de ce type) a déclaré que « la convention n’est pas autosuffisante et que le tiers payant fonctionne très bien » du côté des Ocam, qui en revanche se préoccupent de l’effectivité des prestations de suivi.