Ouïe Magazine
Publié le 20/04/2022

 

Il n’y a pas que le secteur de l’audio qui peine à recruter. Les métiers paramédicaux font face à un manque de candidats sur fond de crise des vocations. L’informatique, les nouvelles technologies et l’ingénierie sont dans la même situation, faute de diplômés. Dans d’autres branches, comme l’hôtellerie-restauration, ce sont les conditions de travail et les salaires trop bas qui entravent les recrutements.

 

Au-delà de ces différences, les obstacles aux recrutements peuvent être analysés suivant 4 facteurs principaux, qui mettent en perspective ce qui se passe dans l’audition.

 

  • Un contexte de tension sur le marché de l’emploi

 

Une étude de Pôle Emploi montre qu’entre 255 000 et 390 000 recrutements ont été abandonnés en 2021 faute de candidats. Même constat du côté de l’Apec (Agence pour l’emploi des cadres). Dans son dernier baromètre trimestriel publié le 24 janvier, l’association anticipe « des intentions d’embauche au plus haut, menacées par d’intenses difficultés de recrutement ». En 2021, une entreprise sur quatre qui avait prévu de recruter des cadres y a renoncé « principalement faute de candidatures correspondant au profil recherché ». L’avenir ne semble guère plus rose : 78 % des entreprises ayant un projet de recrutement s’attendent à rencontrer des difficultés cette année.

 

  • Un vivier de candidats insuffisant

 

Dans certains métiers, le nombre de diplômés qui arrivent sur le marché du travail chaque année ne suffit pas à couvrir les besoins des entreprises. On connaît bien le problème en audio, mais c’est aussi le cas dans l’informatique, le numérique et la branche banque-assurance, qui représentent à eux seuls 900 000 emplois qualifiés. « Dans le numérique, il manque près de 10 000 ingénieurs par an et, dans les métiers de la cybersécurité, entre 1 000 à 2 000 personnes », d’après la fédération Syntec (métiers du numérique, de l’ingénierie et du conseil). Même chose dans les métiers du paramédical qui, portés par le vieillissement de la population, recrutent à tour de bras : infirmières, aides-soignants, kinésithérapeutes, techniciens de laboratoires, psychomotriciens, audioprothésistes évidemment… La Fédération de l’hospitalisation privée estime à 100 000 le nombre de postes vacants dans ce champ.

 

  • Une prise de recul chez les salariés

 

En nous confrontant à la maladie, parfois à la mort, la crise sanitaire nous a invités à prendre du recul. “Perdre sa vie à la gagner” n’est plus d’actualité. Aux Etats-Unis, on a ainsi assisté à une vague de départs appelée “grande démission”, un phénomène qui touche surtout les jeunes et les séniors. En France, 1 actif sur 3 aurait changé ses plans de carrière depuis le début de la pandémie : un chiffre encore plus élevé chez les 21-34 ans (41 % selon une étude Ipsos-Ring Central). Démissionner, mais pour faire quoi ? Un métier ayant une utilité sociale et/ou environnementale, semble montrer une étude Harris Interactive menée auprès de 10 000 répondants : 70 % des Français aimeraient trouver plus de sens dans leur travail.

 

  • Choisir un cadre de travail plus souple… Et stimulant

 

Le télétravail imposé par le Covid-19 a contribué à mêler les espaces privés et professionnels tout en apportant la preuve, pour les métiers “télétravaillables”, que les résultats étaient au rendez-vous. A défaut de pouvoir le pratiquer, certains candidats n’hésitent plus à questionner le recruteur sur les atouts de l’entreprise : équilibre vie privée/vie professionnelle (horaires), autonomie, possibilité de se former et d’évoluer (en s’associant, par exemple), ambiance dans l’équipe…

Autre tendance : le « slashing »*, qui consiste pour un actif à mener de front plusieurs activités professionnelles. Objectif : une carrière plus variée, plus stimulante et plus épanouissante.  « Aujourd’hui, les « slasheurs » représentent environ 16 % de la population active en France. Et parmi eux, 60 % le font d’abord par choix », considère Marielle Barbe, autrice du livre “Profession Slasheur”. Concrètement, pour un recruteur, cela peut se traduire par le refus d’un contrat à temps complet par un candidat qui rechigne à faire une croix sur son activité annexe, ou une réticence à signer un CDI jugé trop « enfermant », au profit d’un CDD « pour voir ». En filigrane, on voit la quête d’un épanouissement que certains estiment difficile à atteindre avec un seul métier au même endroit pendant des années.

 

 

* Slashing fait référence au signe typographique « / » signifiant « ou ».
Retour à la liste des articles

Les immanquables

Titre

Aller en haut