Ouïe Magazine
Publié le 20/05/2022

En parallèle d’une enquête lancée par Que Choisir, l’Association de réadaptation et défense des devenus sourds (ARDDS) a sondé ses adhérents sur leurs derniers achats d’appareils auditifs.

L’ARDDS, membre de la fédération Bucodes-Surdifrance, a récemment sondé le jugement des malentendants sur les classes d’appareils. Il en résulte que la différence entre les aides auditives de classe I et les appareils haut de gamme n’est pas toujours perçue par les premiers concernés, pour ce qui touche à la qualité audiologique au moins.

Pourquoi la classe II ?

Dans l’échantillon sondé, 54 personnes malentendantes se sont équipées en 2021 ou début 2022, 41 en classe II, 13 en classe I (24 %). A noter que de nombreux commentaires, laissés par les répondant.es en fin de questionnaire, ont souligné que les aides auditives de classe I n’étaient « pas assez performantes au regard de leur perte auditive ». Interrogés sur ce choix, ceux qui ont opté pour un appareil à prix libre l’ont fait avant tout par recherche d’une meilleure qualité ou de performances plus élevées (29,4 %), parce que leur audioprothésiste les a dissuadés de prendre une aide auditive de classe I (15,7 %) et, pour près de 14 % d’entre eux, parce que celle-ci ne leur a pas été proposée. Cette dernière réponse est hautement problématique, que le patient n’ait pas compris qu’un appareil de classe I lui avait été présenté parmi d’autres ou que ce choix ne lui ait pas été offert du tout (même si un devis normalisé lui a bien été remis).

Les patients jugent durement leurs appareils de classe II

Les notes moyennes sur 10 attribuées aux deux catégories d’appareils sont très proches : 7,3 pour la classe I, 7,1 pour la classe II. En soi, ce résultat n’est pas étonnant : les appareils sans reste à charge peuvent pallier de façon satisfaisante les difficultés des patients présentant une perte modérée. Plus ennuyeux, les porteurs d’aides auditives de classe I leur ont donné de meilleures notes sur des points clés comme le confort (7,5 vs 6,9 en classe II) et l’amélioration de la compréhension (7,2 vs 6,5). Il est cependant possible que les personnes équipées en classe II présentent en moyenne un déficit plus prononcé et ressentent donc plus de gêne dans les environnements particulièrement complexes, que celles appareillées en classe I.

Vos patients perçoivent-ils la différence entre classe I et classe II ? Ils répondent

Ces résultats sont cohérents avec ceux obtenus par Que Choisir, qui a également réalisé un sondage sur ce sujet, auprès de son lectorat : le degré de satisfaction global des propriétaires d’appareils est équivalent pour la classe I et la classe II, avec un « léger avantage » pour cette dernière.

Les atouts des aides auditives de classe II

Les appareils plus haut de gamme sont jugés plus discrets et présentant une meilleure autonomie. Clairement, le rechargeable est un atout majeur. Les auteurs de l’enquête émettent cependant un bémol intéressant sur ce point : seuls 35 % des répondants, tous âges confondus, estiment que le changement des piles présente une difficulté – la proportion croit avec l’âge. Le choix du rechargeable reposerait ainsi moins sur un argument pratique (impossibilité de manipuler le tiroir-pile) que sur l’apport d’un confort supplémentaire.

Vos patients perçoivent-ils la différence entre classe I et classe II ? Ils répondent

Ces résultats peuvent aussi s’interpréter comme la démonstration que les malentendants sont plus exigeants à l’égard des appareils de classe II, et c’est légitime au regard de l’effort financier et de la promesse technologique. Logiquement, ceux de classe I obtiennent une bien meilleure note sur la question du rapport qualité-prix.

La fiabilité des appareils mise en cause

Interrogés sur les pannes ou dysfonctionnements, les sondés en ont déclaré un taux assez important, 31 % en moyenne, mais s’échelonnant de 24 à 40 % selon les marques et concernant exclusivement des appareils de classe II. Ce résultat s’explique sans doute par la faiblesse de l’échantillon, en classe I, mais aussi éventuellement par la haute technicité des appareils premium, qui peut conduire à plus de SAV.

Et l’audio, dans tout ça ?

Le questionnaire de l’ARDDS laissait la possibilité aux participants de rédiger des commentaires. Certain.es participant.es ont saisi l’occasion pour s’exprimer sur les rapports avec leurs audioprothésistes : « c’est parfois une relation de défiance, “l’audioprothésiste m’a raconté que les produits 100 % santé étaient mauvais, je lui ai indiqué que non !” et dans d’autres cas une relation de confiance qui fournit la garantie d’avoir le produit qui nous convient. C’est aussi lui qui va nous guider lors des essais, étape complexe pour le malentendant et pas toujours bien acceptée par l’audioprothésiste, certains y voyant une perte de temps », résument les auteurs de l’étude.

Les résultats de cette 1ère enquête ont été analysés par Emmanuelle Guillou & Richard Darbéra et publiés dans 6 millions de malentendants (avril 2022, n°45), revue nationale trimestrielle, éditée par la Fédération Bucodes SurdiFrance, pour et par des malentendants et devenus sourds. Elle traite différents thèmes associatifs, médicaux, culturels, techniques…

Questionnaire auto-administré en ligne auprès des adhérents de l’ARDDS ayant reçu 143 réponses pour 589 envois ; 80 % ont été des répondantes, en cohérence avec la sociologie de l’association qui compte 75 % de femmes. Les appareils et leurs marques, déclarés par les répondants :
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