Une étude de cohorte publiée il y a quelques jours montre que si la déficience auditive invalidante touche 4 % des Français, le quart de la population adulte est concerné par une perte, à des degrés divers.
Les données de prévalence du déficit auditif, en France, méritant d’être consolidées, l’Inserm (Paris Cardiovascular Research Center), l’université Paris Cité, l’APHP et l’hôpital Foch, ont travaillé à partir de la cohorte Constances, constituée d’un échantillon de 220 000 adultes âgés de 18 à 75 ans, représentatif de la population. Suivis au long cours, ils passent un examen de santé tous les 4 ans et remplissent un questionnaire tous les ans.
A peine plus du tiers des surdités invalidantes sont appareillées
186 460 volontaires de cette cohorte ont bénéficié de tests auditifs. 24,8 % d’entre eux présentaient une perte auditive d’au moins 20 dB dans la meilleure oreille (sans qu’il soit possible d’en qualifier le type). Ces taux varient de 3,4 % chez les 18-25 ans à 73,3 % chez les 71-75 ans. Un biais de l’étude à garder en tête : la cohorte s’arrête à cette borne d’âge, alors que l’ampleur du déficit auditif augmente avec celui-ci.
Pour 4 % de l’échantillon global, cette perte auditive est invalidante, définie comme une perte moyenne de 35 dB au moins à la meilleure oreille – et plus de 23 % des 71-75 ans. Mais seulement 36,8 % des personnes qui en souffrent sont corrigées. « Le recours aux appareils auditifs était particulièrement faible chez les personnes âgées (alors qu’elles sont proportionnellement plus touchées par une déficience auditive invalidante), les hommes, les fumeurs et les personnes ayant un IMC élevé », précise le communiqué de l’Inserm. Or, parmi les facteurs associés à la déficience auditive, les chercheurs ont trouvé l’âge ou l’exposition à des nuisances sonores au travail, bien entendu, mais aussi un indice de masse corporelle élevé, du diabète, des facteurs de risque cardiovasculaire, des antécédents de dépression et le fait d’être un homme. A contrario, certaines caractéristiques sont associées à une moindre probabilité de présenter une perte auditive : un niveau de revenus ou d’éducation élevé, le fait de vivre seul ou en zone urbaine.
« C’est la première fois en France qu’une étude sur la prévalence de la déficience auditive et l’usage des appareils auditifs est menée sur un échantillon aussi large et aussi représentatif de la population française adulte. Cela permet de dresser un état des lieux fiable et d’apporter des clés aux décideurs publics alors que des solutions efficaces (comme les appareils auditifs ou encore les implants cochléaires) existent pour prendre en charge ce problème de santé majeur », ont souligné Quentin Lisan et Jean-Philippe Empana, coordonnateurs de l’étude.