Depuis sa création en 2015, le numerus clausus pour les écoles d’audio a été publié à des dates variables, entre le 4 avril et le 22 juillet. L’entrée de la formation sur la plateforme Parcoursup, l’année dernière, a d’ailleurs impliqué un petit ajustement du nombre d’étudiants, a posteriori (3 places supplémentaires à Lille, entérinées en cours d’été). Qu’en sera-t-il cette année ?
Sur ce sujet, les attentes des employeurs sont fortes et bien plus anciennes que la réforme 100 % santé. Elles transparaissaient déjà dans l’avis de l’Autorité de la concurrence en décembre 2016, plaidant pour la suppression des quotas, qui risquaient, selon elle, de maintenir des tensions sur les salaires et d’avoir une incidence sur les prix. A défaut, elle proposait de les augmenter sensiblement. Même son de cloche, 6 ans plus tard, dans le rapport de la mission Igas-IGÉSR, qui recommande un accroissement rapide et significatif du numerus clausus (150 à 200 places en plus, soit une augmentation de 50 % au moins).
Plus d’audios, pour ouvrir plus de centres…
Jusqu’à présent, même si les acteurs de terrain déplorent de très grandes difficultés à trouver des audioprothésistes, la croissance du nombre de professionnels et celle du nombre de centres auditifs ont été parallèles : le nombre de points de vente a cru, selon les chiffres de nos confrères de l’Annuaire de l’audition, d’environ 14,6 % entre 2018 et 2021. Sur la même période, le nombre d’audioprothésistes en exercice a progressé de 20 %. Mais l’on sait que les volontés d’ouvertures de centres sont parfois arrêtées par l’impossibilité de trouver des professionnels pour y travailler.
… Ou pour adapter plus d’appareils ?
L’augmentation du nombre d’audioprothésistes, en revanche, est très loin d’avoir suivie celle du nombre d’appareils vendus, comme le montre le tableau ci-dessous. Et la mise en œuvre du 100 % santé, a clairement changé la donne : entre 2020 et 2021, le nombre d’appareils à adapter, ramené au nombre d’audios en exercice, a progressé de 73,5 %. Sur l’année 2021, cela correspond à un peu moins de 2 aides auditives par jour travaillé (sur la base de 5 semaines de congés et 2 jours de repos hebdomadaires).
Pour mémoire, le nombre d’audioprothésiste a augmenté de plus de 27 % entre 2017 et 2021, et le nombre d’étudiants de plus de 42 % sur ces 4 années. Les 1ères promos de Lille et d’Evreux (respectivement 25 et 30 audios formés en plus, hors abandons et redoublements potentiels) seront diplômés d’ici quelques jours à quelques semaines. Suivront des promotions encore un peu plus étoffées en 2023, 2024 etc.
Ces arrivées sur le marché de l’emploi apporteront un peu d’air aux recruteurs, mais ne suffiront pas à satisfaire les besoins de main d’œuvre ou les souhaits d’expansion de tous les acteurs, d’autant que la demande venant des patients est restée dynamique au début de l’année 2022 (sans certitude sur sa persistance). En cette période de remaniement ministériel, bien malin qui peut deviner la décision que prendront les pouvoirs publics quant au numerus clausus. Continuité ou rupture, le suspense est à son comble.