Fadwa Ahsina prépare le titre de Bachelier en audiologie à l’institut Marie Haps (Haute Ecole Léonard de Vinci) à Bruxelles. Elle est en dernière année et passe son 1er semestre à Bordeaux. C’est la toute 1ère fois qu’une étudiante audioprothésiste effectue un semestre en Erasmus en France. Rencontre avec la pionnière.
La jeune femme était sans doute prédestinée à un échange universitaire européen par son parcours personnel. Fadwa Ahsina est née en Espagne avant d’emménager avec sa famille en Belgique, à Bruxelles, où elle a suivi ses études secondaires, avec une spécialisation de technicienne chimiste. Puis elle est entrée, sur dossier, à l’institut Marie Haps, qui fait partie d’une grande école universitaire, Léonard de Vinci, reconnue pour ses formations dans les métiers de la santé.
Pourquoi avez-vous opté pour des études en audiologie ?
J’avais envie d’avoir du lien avec les personnes, de me sentir utile dans la société. En m’intéressant aux formations proposées à Léonard de Vinci, j’ai découvert l’audioprothèse. Cela m’a tout de suite parlé car ma mère est appareillée. J’ai été prise, sur dossier, dans une promo d’une vingtaine de personnes.
Comment avez-vous intégré le programme Erasmus ?
Je le connaissais de nom, comme tout le monde. Le référent pour les relations internationales de l’école en a parlé à tous les étudiants dès la 1ère année et j’ai eu envie de tenter l’expérience. C’est la 1ère fois qu’un partenariat est mis en place entre Léonard de Vinci et l’université de Bordeaux. Il fallait bien une personne pour se lancer !
Pour combien de temps êtes-vous à Bordeaux ?
De septembre à janvier, pour tout le semestre académique : je vais en cours avec les étudiants français, j’ai fait le stage fabricant, et en janvier je serai 3 semaines en stage chez Matthieu Del Rio. J’aurais pu opter pour une seule période de stage sur un mois en août-septembre, mais c’était moins intéressant.
« C’est différent mais pas opposé. »
Comment vivez-vous cette expérience jusqu’à présent ?
C’est déjà inoubliable ! Je découvre comment on aborde l’audiologie dans un pays voisin. Les formations belge et française ne se focalisent pas sur les mêmes choses. En France, on parle d’audioprothèse, on insiste beaucoup sur l’adaptation prothétique alors qu’en Belgique l’approche clinique est plus présente. A Bruxelles, nous avons les mêmes enseignants toutes les semaines tandis qu’en France des intervenants viennent pour des séances… La relation avec les étudiants n’est pas la même. Il n’y a pas une façon de faire meilleure que l’autre, c’est une ouverture d’esprit de voir les deux. L’un des gros avantages du système français est que les étudiants peuvent assister dès la 1ère année à des évènements et rencontrer les professionnels. En Belgique ces moments d’échanges sont moins mis en valeur, les professionnels ne viennent à notre rencontre qu’en 3e année. On découvre vraiment le monde professionnel dans la dernière partie de notre formation, en stage.
Constatez-vous une différence de niveau en cours ?
Non, c’est assez similaire. C’est ce qui facilite cet échange : j’ai l’impression de continuer mon parcours normalement mais avec la richesse d’une expérience dans un autre pays. Et évidemment il n’y a pas la barrière de la langue. Aussi bien l’université de Bordeaux que Marie Haps m’ont très bien accompagnée, quand il y a eu des petits soucis, comme un cours à remplacer, mes interlocuteurs ont été très réactifs. C’est rassurant !
Comment cela va-t-il se passer quand vous allez rentrer à Bruxelles ? Vous aurez un mémoire à rédiger ?
Mon promoteur (directeur de mémoire, ndlr), M. Roni Farah, est en Belgique évidemment, il me soutient beaucoup et nous échangeons en distanciel.
Quels sont vos projets d’avenir ?
Pour l’instant, je veux déjà avoir mon diplôme. Si je devais poursuivre mes études, je devrais de nouveau regarder du côté de la France car il n’y a pas de master en audiologie en Belgique. J’y réfléchis.
Que garderez-vous de cette expérience, sur le plan humain ?
Je suis très contente d’avoir profité de cette possibilité d’échange Erasmus et fière d’être allée jusqu’au bout, d’avoir surmonté les démarches administratives, trouvé un logement, rencontré de nouvelles personnes… Je n’étais jamais sortie de mon cocon familial auparavant ! J’ai eu un super accueil en France et via l’ESN (Erasmus Student Network, une ONG qui met en relation les étudiants, ndlr), j’ai fait la connaissance d’autres étudiants internationaux. Je n’aurais jamais eu ces occasions sans cela.