Pensée pour durer des années, une étude de cohorte portant sur l’état de santé auditif et cognitif d’habitants de Cahors va être prochainement lancée sous la direction du Pr Mathieu Marx, avec le concours de Mariam Alzaher.
Jusqu’à présent les études de cohorte ayant mis en évidence les liens entre perte d’audition et déclin cognitif (travaux de Frank Lin aux Etats-Unis, cohorte PAQUID en France) se sont appuyées sur des données comme les seuils auditifs en audiométrie tonale et les scores MMS (Mini Mental State). L’étude que va lancer Mathieu Marx, professeur, praticien hospitalier au service ORL du CHU de Toulouse et membre du centre de recherche Cerveau et cognition de l’université Paul-Sabatier, a pour ambition de s’intéresser beaucoup plus spécifiquement aux premiers signes de déficits. Pour ce faire, le directeur de l’école d’audioprothèse va mettre à contribution ses étudiants.
Cohorte normo-entendante et “jeune”
Une cohorte de 200 à 300 cadurciens normo-entendants, âgés de 45 à 50 ans, va être recrutée dans 3 quartiers de la ville : cette échelle géographique permet d’obtenir une forte représentativité de la population générale. Les volontaires seront évalués de façon précise, par des étudiants dûment formés à cet effet. Tant sur le volet auditif (audiogramme tonal sur les hautes fréquences, compréhension de la parole dans le bruit…) que cognitif (processus d’inhibition, attention sélective, mémoire de travail…), il s’agira d’aller dans le détail pour repérer les signes précoces d’altération, analyser les fonctions atteintes, et regarder, dans le temps, comment elles s’organisent. La cohorte sera suivie sur la base d’un rendez-vous annuel. Si des troubles sont identifiés, des prises en charge seront proposées : il pourra s’agir d’entraînements auditif ou cognitifs, voire d’une réhabilitation prothétique… L’étude se penchera donc aussi sur les effets de ces remédiations.
5 ans et plus
Aux côtés de Mathieu Marx, l’investigateur principal, Mariam Alzaher, post-doctorante en neurosciences affiliée au même laboratoire CERCO du CNRS, et chargée d’enseignement en Licence Science pour la santé de l’école d’audioprothèse, sera la « cheffe d’orchestre » du projet. La Conférence des financeurs pour la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées du Lot, qui réunit la Mutualité française, la Carsat, le département, la MSA, Agirc-Arrco, la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, entre autres, a engagé les fonds pour la 1ère année. Pour aller jusqu’à 5 ans, le projet sera également soutenu par le CHU de Toulouse. D’autres financements devront être trouvés pour pérenniser cette recherche.
Dès les premières évaluations, les chercheurs pourraient être amenés à faire paraître des communications scientifiques. En effet, il n’existe a priori pas d’état des lieux, en tant que tel, des capacités auditives et cognitives sur cette tranche d’âge. La phase de sélection des participants débute, les demandes d’autorisations réglementaires sont en cours, afin que l’étude puisse réellement commencer à compter de la rentrée universitaire 2023. Mathieu Marx et Mariam Alzaher seront aidés, dans leurs analyses et leur méthodologie, par Christian Füllgrabe, professeur en sciences audiologiques et docteur en psychologie.
