Ouïe Magazine
Publié le 27/03/2023

 

Bien souvent, on résume le développement professionnel continu à une obligation de formation. En réalité, les professionnels de santé sont aussi tenus de réaliser une analyse de leurs pratiques, en vue de les améliorer. Stéphane Garnier, fondateur de Next Step Academy, nous en dit plus sur cette disposition.

 

 

L’Ouïe Magazine: Les audioprothésistes sont-ils bien au fait de leurs obligations de DPC ?

Stéphane Garnier: Oui, pour ceux qui s’intéressent à leur profession, lisent la presse professionnelle ou s’informent sur les réseaux sociaux. Je pense et j’espère que plus de la moitié des audioprothésistes savent que le DPC existe et qu’ils ont des obligations. Là où le bât blesse, c’est sur ce que recouvrent ces dernières. Le fait qu’elles incluent à la fois de la formation continue et de l’analyse des pratiques est sans doute flou pour 95 % des audios.

 

Que signifie l’« analyse et l’évaluation des pratiques » mentionnées dans le Code de la santé publique, dans l’article portant sur le DPC ?

La formation continue correspond en général à l’acquisition de nouvelles connaissances. « Analyse et évaluation des pratiques » signifie que les audioprothésistes doivent consolider et faire évoluer leur manière de travailler. Cela implique des échanges supplémentaires entre le formateur et l’apprenant : il y a un apport de connaissances mais aussi une réévaluation. Cela doit être individualisé et s’étendre sur plus long terme qu’une formation. Pour remplir ces objectifs, il y a plusieurs possibilités, comme le précise la Haute autorité de santé dans ses fiches de méthodes DPC. Deux d’entre elles peuvent s’appliquer à l’audioprothèse : l’audit clinique (faire réaliser 2 audits des pratiques à 3 mois d’intervalle) ou les groupes d’analyse des pratiques.

 

Titulaire d’une thèse de doctorat en ingénierie médicale/audiologie, Stéphane Garnier est audioprothésiste diplômé de l’école de Lyon. Il a exercé en centres auditifs pendant 20 ans et été formateur au sein de la coopérative Entendre puis du groupe GrandAudition. Depuis 2016, il se consacre à la formation dans sa propre structure, Next Step Academy, indépendante et reconnue organisme de DPC.

Comment se déroulent les groupes de pairs que vous avez élaborés ?

Qu’ils soient au sein d’une seule entreprise ou composés de différents audioprothésistes indépendants, les groupes sont fixés pour l’année. Je propose 6 réunions de 2 heures, en visio. Deux semaines avant, les participants m’adressent des cas cliniques. Nous en abordons 3 à 4 par séance. Chaque audio présente son cas, je l’analyse, j’apporte des éléments complémentaires (j’ai différents diaporamas pour repréciser des points) puis les présents donnent leur avis, en fonction de leurs propres façons de faire et on échange. Les groupes de pairs sont une très bonne manière d’amener les professionnels à se remettre en question, d’ailleurs c’est une pratique courante chez les médecins. Même au sein des réseaux, les audios échangent très rarement sur les cas cliniques.

 

Comment se passe la validation de cette partie du DPC ?

Je pratique les groupes de pairs depuis quelques années, mais c’est la 1ère fois que cette action est agréée par l’ANDPC. Pour chaque groupe, je crée une entrée sur le site, avec les dates et heures des réunions. Au terme des 6, j’envoie aux participants une attestation avec les numéros d’action et de session, qu’ils peuvent enregistrer sur la plateforme. L’obligation d’analyse et d’évaluation des pratiques doit être remplie une fois par période triennale.

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