Fêtant son 10e anniversaire, la Fondation Ecouter Voir a mis en lumière 3 projets de recherche soutenus récemment, en audiologie et en ophtalmologie, avant de remettre son Grand Prix.
Dr Céline Quinsac
Pierre-Jean Gracia, le président de la Fondation Ecouter Voir (abritée par la Fondation de l’Avenir) est revenu sur 10 ans d’actions : 600 000 euros investis, 18 projets de recherche soutenus, 7 concernant la vision, 11 portant sur l’audition. Parmi eux, 3 ont été présentés par leurs initiateurs. Dr Céline Quinsac, cheffe de projet en audiologie à l’Institut Pasteur, a présenté le projet « Interprètes de conférence et dynamique de musique compressée & création d’un label », mené avec Grégory Gérenton au Ceriah (dirigé par le Pr Paul Avan, co-dirigé par la Pr Hung Thai-Van). L’équipe est en train de recruter 100 interprètes et 100 étudiants engagés dans cette voie, afin de leur faire subir une batterie de tests audiométriques, en 3 temps : avant l’exposition aux sons compressés, juste après et après une période de récupération. Cette recherche fait suite à celles menées par le Pr Paul Avan, sur modèle animal (cochon d’Inde) ayant montré que la musique compressée a un effet au niveau du réflexe stapédien. Le projet actuel a pour objectif de déboucher, avec le concours d’experts en acoustique, sur la création d’un label permettant d’informer le grand public sur la qualité sonore et notamment le pourcentage de micro-silences préservés, en fonction de la compression.
Dr Alain Londéro
Le Dr Alain Londéro, ORL à l’hôpital européen Georges Pompidou, a résumé l’étude clinique de confirmation qu’il conduit sur le thème « Réalité Virtuelle et acouphènes subjectifs invalidants : RéVA-2 ». Elle part du constat que les personnes souffrant de douleurs post-amputation peuvent être soulagées par la représentation de leur membre manquant : historiquement en utilisant des jeux de miroir, plus récemment en utilisant le graphisme 3D pour représenter le bras ou la jambe… Par analogie, les chercheurs ont imaginé un dispositif utilisant un casque de réalité visuelle qui permet aux patients acouphéniques de déplacer leur acouphène dans une scène sonore, de le « saisir » avec leur main. Une 1ère étude, il y a 9 ans, avait montré que ces techniques permettaient d’entraîner une meilleure tolérance de l’acouphène. Ces recherches ouvrent sur de possibles thérapeutiques que le patient pourrait réaliser à domicile.
Côté ophtalmologie, le Dr Zhigo HE a présenté ses travaux sur la « Viabilité des greffons endothéliaux cornées conservées en active storage machine » (évaluation de l’efficacité d’un bioréacteur pour la conservation des cornées en attente d’être greffées vs la technique traditionnelle : organoculture).
Une partie du jury du Grand Prix 2023 : Emilie Orta, Frédéric Rouan, Pr Bruno Frachet, Dr Elisabeth Mamelle et Pierre-Jean Gracia.
La Fondation Ecouter Voir a ensuite remis son 3e Grand Prix. 3 binômes d’étudiantes, toutes en 2e année de formation, ont été récompensées pour leurs propositions sur « les orientations futures de la profession d’audioprothésiste ». Capucine Rauber et Zoé Alexandre (en photo à gauche), de l’école d’Evreux, ont obtenu la 3e place. Anne-Sophie Drouin et Sarah Héritier (en photo à droite), de la même école, montent sur la 2e marche du podium.
Cécile Day et Lydia Souriot, en 2e année à Lyon, ont reçu le Grand Prix de la Fondation 2023, en présence d’Arthur Havis, directeur général d’Ecouter Voir. Toutes deux sont en reconversion. La première après une carrière dans les métiers du commerce : « Avec le Covid, je me suis posé des questions et je connaissais le métier d’audioprothésiste parce que je suis moi-même appareillée. J’ai décidé de m’orienter vers cette profession car il y a des ponts avec mon ancien travail, comme la notion de service client, mais en étant dans le soin : je voulais une activité qui ait du sens. Je fais cette reconversion avec beaucoup de bonheur ! ». Lydia Souriot était précédemment ingénieure informatique : « moi-même malentendante, j’avais envie d’aller vers un métier où il y a du contact humain et où je me sentirais utile ». Les deux gagnantes ont souhaité participer au Grand Prix en raison de son sujet et de l’opportunité de se projeter dans ce qui sera leur quotidien dans 1 an. Parmi les très nombreux axes de leur travail, elles pensent que l’un des points cruciaux du futur des audios sera l’exercice hors centre auditif car « les besoins sont criants ».
