Ouïe Magazine
Publié le 28/11/2023

 

Ce carnet de santé virtuel audiologique, porté par 2 ORL, rassemble toutes les informations nécessaires aux professionnels impliqués dans la prise en charge d’un patient, pour améliorer et tracer son parcours.

 

Audya, la plateforme qui veut marier efficience et bonnes pratiques

Arnaud Devèze et Eric Truy

Présenté lors de la dernière Journée pluridisciplinaire de l’audition, au Congrès de la SFORL début octobre, Audya a pour but d’améliorer la prise en charge et le parcours des patients appareillés en réunissant sur une même plateforme sécurisée l’ensemble des documents qui le concernent. L’idée en est venue au Dr Arnaud Devèze, aujourd’hui chirurgien ORL à Marseille, lorsqu’il exerçait au sein du service du professeur Magnan. « Pour chaque réunion de staff implants, les internes avaient du mal à réunir les informations nécessaires aux prises de décision : audiogrammes, compte-rendu de l’audioprothésiste, de l’orthophoniste etc. C’est une perte de temps gigantesque. Et, du côté des patients, on leur demande de nous rapporter des tas de documents à chaque rendez-vous… Sans être programmeur, j’ai donc bricolé sur Access un petit outil tout simple avec un onglet par champ de compétence, des cases à cocher… »

 

Un outil neutre

Gardant cette idée en tête, Arnaud Devèze a avancé dans la conception d’Audya en amont de la réforme 100 % santé, avec le Dr Eric Truy, qui dirige le service d’orl, chirurgie cervico-faciale et d’audiophonologie de l’hôpital Edouard Herriot à Lyon. Associés avec Thomas Truy, fils d’Eric et audioprothésiste, et avec Sylvain Bertrand, entrepreneur et chasseur de têtes, maître de conférences à HEC, ils ont financé leur projet exclusivement par du “love money” (fonds levés dans le cercle amical et familial). La première version de la plateforme, actuellement en test, a été développée ainsi. « Nous voulons absolument qu’Audya reste indépendant des enseignes et des fabricants de dispositifs médicaux : il faut pouvoir l’utiliser indifféremment quelle que soit la marque des appareils du patient ou le lieu d’exercice de l’audioprothésiste, précise Arnaud Devèze. Nous restons sur notre proposition de valeur, tournée vers le service rendu au patient ».

Audya, la plateforme qui veut marier efficience et bonnes pratiques

Coordination sécurisée

Concrètement, Audya permet la coordination entre tous les professions de santé, à l’hôpital et en libéral, qui suivent un patient appareillé ou implanté (ou les deux). L’ORL, l’audio, l’orthophoniste, le généraliste, le gériatre, etc. téléchargent les examens, comptes-rendus, etc. pour que chacun puisse les consulter. La plateforme doit faire gagner du temps et de l’efficacité. Les initiateurs du projet savent que les professionnels de santé et leurs patients échangent déjà régulièrement des informations médicales par mail ou par messagerie type Whatsapp, pour poser une question, demander un avis… Habilité à traiter des données de santé, Audya a aussi pour objectif de sécuriser ces circulations. Et cette mise en réseau des informations pertinentes est opérationnelle que le patient utilise lui-même le service (par le biais d’une appli dédiée) ou pas. Il reste évidemment libre de consentir ou non à la consultation de ses données, sur le même principe que pour Mon Espace Santé. Et s’il est utilisateur, il a accès à un espace protégé pour entrer en contact avec les professionnels qui le suivent.

« Aucun dossier patient généraliste n’est satisfaisant pour la prise en charge d’une maladie chronique comme le diabète, l’insuffisance cardiaque ou les pertes auditives. On a besoin d’informations spécifiques. Ensuite elles peuvent être poussées dans un dossier médical partagé généraliste sous forme de synthèse périodique. »

Un label de bon suivi

Audya intègre les éléments clés du parcours patient : chaque acte est traçable, du 1er audiogramme aux questionnaires de satisfaction. Ce faisant, la plateforme permet de s’assurer de l’adoption de bonnes pratiques tant médicales qu’audioprothétiques. La plateforme se voit donc comme un label de conformité à la réglementation en vigueur, dont les professionnels pourraient se prévaloir. En outre, elle rend possible la collecte de données en vie réelle et leur analyse, à des fins de recherche, individuellement ou en cohorte. Cela permet d’imaginer des applications dans la prévention santé en général, en partant des liens connus entre perte auditive et d’autres pathologies. Et ce n’est pas tout. Audya veut se positionner au centre d’un véritable hub de données.

Les process de recueil de données en vie réelle au travers de questionnaires – PROMs (Patients Reported Outcome Measures) – sont au cœur des évaluations médicales et économiques des pratiques de soins. Ils sont un moyen efficace de caractériser précisément le bénéfice d’appareillage, d’interroger la stratégie de réglage,  de savoir si le nombre de rendez-vous Audya, la plateforme qui veut marier efficience et bonnes pratiquesde suivi est vécu comme suffisant ou inutile, etc. C’est l’évaluation la plus proche de la vie quotidienne. Ce sujet, comme le traitement des données par IA, la possibilité d’envoyer de l’information dans Audya et de réaliser des téléconsultations sont en réflexion pour la V2. La télé-expertise, en revanche, est déjà d’actualité : « c’est intéressant et extrêmement facile à mettre en place de façon asynchrone, pour demander ou donner un avis sur un dossier patient, une prescription, mais aussi sur des images de conduits auditifs (les audios ont déjà les outils pour les réaliser). C’est valorisant et parfaitement sécurisé : l’audioprothésiste obtient une réponse rapidement ».

Arnaud Devèze se projette au-delà : Audya pourrait être, dans le futur, un outil d’aide à la télé-prescription, entre des professionnels travaillant sur un même territoire et en complément des consultations présentielles… Pour mettre la dernière main au développement et accompagner la mise sur le marché, les porteurs du projet ont noué un partenariat avec Audiowizard. La plateforme sera commercialisée en 2024, après intégrations d’améliorations grâce aux expérimentations en cours, notamment à Nice et au Kremlin-Bicêtre. Elle sera présente au sein du village start-up des Assises de Cannes, début février.

 

 

 

Crédits photos : Audya

 

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