Le fabricant a initié ce dimanche un nouveau format à destination de ses partenaires. Cette masterclass d’une journée avait pour but d’apporter des contenus stimulants aux audioprothésistes, pour les aider à préparer les échéances de 2025 et 2026.
Guillaume Joucla, directeur général de Sonova France, a ouvert cette 1ère masterclass de la marque Phonak par des considérations tournées vers l’avenir. « Afin d’être prêt pour 2025-2026 – et les renouvèlements des personnes appareillées avec l’entrée en vigueur du 100 % santé, ndlr – il faudra avoir posé les bases de l’optimisation de son business dès 2024 », a-t-il affirmé. Potentiellement, ce sont 400 000 équipements à renouveler à partir de l’année prochaine. Phonak a intensifié ses efforts, ces derniers mois, en matière d’excellence opérationnelle : chaque génération d’appareils voit son taux de retour baisser, de 5,2 % pour Marvel à 1, 5 % pour Lumity. La marque affiche aussi, aujourd’hui en France, un délai moyen pour les réparations de 1,5 jour et annonce une attente téléphonique au service client de 33 secondes, se comparant aux plus grandes entreprises (Cdiscount, Auchan, SFR). Elle poursuit l’objectif de « redéfinir la notion de partenariat entre fabricant et audioprothésiste », en jouant sur 2 leviers : aider les audios à développer leur activité et le partage de sa vision. Deux expertes venues du siège de Sonova en Suisse ont donc été invitées à apporter des contenus théoriques à la centaine de présents, notamment sur des notions clés pour le futur de l’audiologie, selon le fabricant : le big data et l’intelligence artificielle.
Angela Pelosi, directrice du pôle Audiologie de Phonak, a passé en revue les bénéfices du big data pour la prise en charge des malentendants. Le fabricant dispose de données aussi nombreuses que détaillées sur les patients (19 % ont une perte légère, 44 % modérée, 37 % entre modérée et sévère, parmi les porteurs d’appareils Phonak), leurs choix (95 % de Ric dans les appareillages récents). Ils sont dans des environnements calmes 7 à 8 heures par jour, bruyants 1 à 2 heures. Plus de la moitié d’entre eux utilisent le streaming au moins 10 minutes quotidiennement. Toutes ces informations permettent d’améliorer le pré-réglage (Adaptative Phonak Digital), le confort d’écoute et en conséquence le temps de port. Pour l’audioprothésiste, cela a aussi pour conséquence que le nombre de rendez-vous d’adaptation est en baisse. Le big data a donc un effet sur l’optimisation de l’efficacité du travail dans les centres. Dans une seconde intervention, Angela Pelosi est revenue sur les connaissances actuelles des liens entre perte auditive et déclin cognitif, et notamment les publications des études Achieve et Enhanced, en 2023. Elles ont apporté des preuves à l’appui de l’hypothèse que l’appareillage pourrait freiner le vieillissement cognitif (maintien des capacités de mémorisation, notamment). Il serait faux d’affirmer qu’il prévient la démence, mais le port d’aides auditives permet de réduire le risque de déclin cognitif associé à la perte de l’audition. Phonak affirme le slogan : « mieux entendre peut vous aider à mieux penser ». Considérant que les audioprothésistes doivent faire valoir leurs services et, dans ceux-ci, leur discours sur la santé cognitive, le fabricant lance cette année en France son programme ECHHO.
Charlotte Vercammen, chercheuse et experte en innovation chez Phonak, a centré son exposé sur les progrès de l’IA au cours des 20 dernières années. Les aides auditives sont aujourd’hui des « microsystèmes intelligents ». Dès 2000, le fabricant s’est positionné parmi les pionniers de l’intelligence artificielle en intégrant ses premiers algorithmes de Machine Learning, sous la forme du classificateur de scènes sonores Otosense. Depuis 2010, nous sommes dans la 3e vague d’IA, grâce à l’accélération de la puissance de calcul, qui permet de mieux adapter les réglages aux attentes du patient. La possibilité de s’appuyer sur des réseaux de neurones profonds (Deep Neural Network) va conduire à aller encore plus loin dans le traitement du signal et la personnalisation.
Pour finir l’après-midi et aider des audioprothésistes présents à prendre du recul sur l’organisation dans leurs centres, Phonak a invité Laurent Combalbert, ancien négociateur du Raid, à partager son expertise concernant les façons de rester « agile » dans un environnement complexe et/ou « sous haute tension ». Son approche se base sur la confiance : en soi, entre membres d’une équipe, dans la stratégie, dans la mission que l’on s’est donnée… Le conférencier a présenté un certain nombre de techniques qui permettent d’évaluer ses ressources pour bien les utiliser et de maintenir la cohésion dans une équipe notamment via un « droit au désaccord », un « devoir de discipline » et une pratique étendue des debriefs.
La masterclass de Phonak s’est poursuivie ce matin dans des ateliers concrets, consacrés à la stratégie, au digital et aux relations avec les Ocam, ce dernier en partenariat avec DataMut.
