Ouïe Magazine
Publié le 16/10/2024

 

Starkey France a animé, ce mardi soir, sa 1ère date francilienne, dans un roadshow qui compte en tout 19 rendez-vous. Le lancement de Edge AI, mobilise les équipes du fabricant dans le monde entier, dès demain au congrès de l’EUHA. Dans ce contexte, nous avons interviewé Achin Bhowmik, le directeur de la technologie.

 

« Nous sommes sur un chemin qui doit mener à ce que tout le monde ait envie utiliser nos aides auditives »

Eric Tripier, responsable Grands comptes, et Julien Nizard.

Le roadshow de Starkey mise sur la proximité avec 19 villes traversées, nombre inédit, pour présenter sa nouvelle plateforme, qui succède à Genesis. Hier soir, une première présentation parisienne a eu lieu, sous la houlette de Julien Nizard, directeur de l’audiologie de la filiale française. Il a détaillé les progrès permis par le Neuro processeur G2, doté d’une unité de traitement neuronal : un DNN, réseau de neurones profond, intégré. Il fonctionne en continu pour apporter, selon les études de Starkey, 30 % de précision en plus dans l’identification de la parole – grâce à un prédicteur de probabilité de la parole, SPP. Mais aussi 6 dB de réduction supplémentaire du bruit dans les milieux peu bruyants et jusqu’à 13 dB d’amélioration du RSB dans les environnements complexes. Ces nouveautés sont disponibles dans 6 modèles, en 3 niveaux de performances. Tous intègrent la nouvelle connectivité Auracast. Les styles rechargeables (mRic, Ric RT, ITC R, ITE R) sont étanches. Rappelant qu’il a été un pionnier dans l’intégration de l’IA, le fabricant met aussi en avant ses fonctionnalités de santé connectée et notamment sa nouveauté : l’auto-évaluation de l’équilibre, via l’appli My Starkey, qui guide l’utilisateur dans un questionnaire et 6 exercices, pour lui permettre de se situer quant à son risque de chute. La présentation s’est achevée sur un moment ludique avec un quizz pour sonder les connaissances des participants. Ceux-ci ont également eu l’opportunité de tester les appareils et notamment le mode Edge + qui permet un ajustement à la demande du patient et matérialise, pour lui, les bénéfices apportés par l’IA.

« Nous sommes sur un chemin qui doit mener à ce que tout le monde ait envie utiliser nos aides auditives »

Rencontre avec Achin Bhowmik

« Nous sommes sur un chemin qui doit mener à ce que tout le monde ait envie utiliser nos aides auditives »

Pour le lancement mondial de sa nouvelle plateforme, Starkey se démultiplie. Les évènements digitaux, aux Etats-Unis et en France à 1 jour d’intervalle, se déclinent en présentiel jusqu’à la fin du mois dans les différents pays européens. Les équipes américaines seront au congrès de l’EUHA. En amont de sa venue, nous avons interviewé Achin Bhowmik, directeur de la technologie et vice-président de l’ingénierie de Starkey.

Comment avez-vous préservé l’autonomie des batteries tout en augmentant les performances de la nouvelle gamme ?

Nous y sommes parvenus grâce à une architecture plus efficace. Il y a 3 façons d’utiliser les réseaux de neurones profonds. La 1ère, c’est de programmer le processeur DSP classique pour qu’il reproduise le fonctionnement d’un DNN. Mais cela n’apporte pas d’amélioration très importante du RSB, tout en ayant un retentissement sur la durée d’autonomie des batteries. La 2ème façon consiste à connecter une puce DNN à la puce DSP, dans une architecture à 2 puces. Le problème de cette approche, c’est qu’il faut énormément d’échanges de données entre les 2, ce qui crée un risque de latence et de distorsion. Et c’est très énergivore. Il faut alors limiter l’utilisation de la puce AI aux environnements bruyants. Dans l’architecture de Edge AI, nous avons réussi à embarquer notre processeur de DNN, le Neuro processeur, dans notre puce. C’est ce qui permet de décupler sa rapidité tout en préservant l’autonomie de la batterie. C’est le résultat de 7 ans de travail et de millions de dollars d’investissement.

Pourquoi avoir choisi d’intégrer la connectivité Auracast dès maintenant ?

La connectivité est un enjeu important pour la plupart des patients. Il était très clair pour nous qu’il fallait améliorer la qualité sonore du streaming, la compatibilité avec les différents dispositifs, les accessoires. La boucle à induction magnétique est utile, et d’ailleurs nous l’avons conservée, mais nous voulions simplifier les connexions entre les aides auditives et tous les types d’appareils. Le nouveau standard Bluetooth LE Audio, Auracast, est une norme ouverte, qui répond à ces besoins. Starkey a été directement impliqué dans sa mise au point : l’un des ingénieurs de mon équipe a été récompensé par le Bluetooth SIG* pour son rôle dans ce travail (Jeff Solum, ndlr). J’ai travaillé chez Intel pendant 17 ans et ça me rappelle les débuts du wifi. On imaginait qu’on pourrait un jour connecter nos PC n’importe où. C’était un rêve, qui est devenu réalité ! D’après mon expérience, on a tendance à surestimer le court-terme. L’important, c’est d’être sur le marché au bon moment. Une fois que la vague Auracast aura commencé, elle ne s’arrêtera plus.

Qu’apportent à Starkey ses collaborations avec diverses entreprises, industriels, universités ?

C’est une chose que j’ai apprise dans la Silicone Valley et que j’ai retrouvée chez Starkey : il faut le travail conjoint de différentes entreprises pour aboutir à de vraies transformations technologiques. On a des PC partout aujourd’hui parce qu’à l’époque il y a eu des collaborations entre Intel, Microsoft et des fabricants comme Dell ou Lenovo. Pour les aides auditives, nous avons travaillé en très grande proximité avec les plus grandes compagnies de l’écosystème technologique comme Apple ou Google. Cela nous permet d’utiliser l’IA, non seulement comme nous le faisons dans nos aides auditives, mais aussi avec le cloud pour les assistants personnels, les traductions. Nous avons également travaillé avec l’université de Stanford pour aboutir à un outil de prévention des chutes et plus seulement de détection quand elles surviennent.  Un article va paraître à ce sujet. Et cela rejoint notre vision de long terme. Nous ne voyons pas les aides auditives que comme des appareils que nous vendons mais comme des plateformes qui vont aider les gens à mieux communiquer, à être en meilleure santé et connectés au monde. Nous sommes sur un chemin qui doit mener à ce que tout le monde ait envie d’utiliser nos aides auditives, même sans être malentendant.

 

 

*Bluetooth Special Interest Group (SIG) : organisme qui supervise l’élaboration des normes Bluetooth et octroie les licences.
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