Le 45ème congrès des audioprothésistes a ouvert ses portes, sous le patronage du ministère de la santé – Yannick Neuder a adressé un message vidéo aux congressistes – et sous la présidence de 2 éminentes personnalités.
« L’accès aux soins auditifs doit rester une priorité nationale. »
En présence d’Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé (désormais en service extraordinaire à la Cour des comptes), le président du Syndicat des audioprothésistes, Brice Jantzem, a souligné que le SDA « a largement participé à l’impulsion de la réforme 100 % santé aux côtés des pouvoirs publics et nous continuons d’œuvrer activement pour assurer sa bonne mise en œuvre. C’est une avancée au service de la santé publique. Il faut le préserver et le consolider. Le succès et la pérennité de cette réforme tiennent dans l’accompagnement de la profession et de l’ensemble des acteurs. Il repose aussi sur l’élaboration d’une réglementation adaptée face aux nouveaux défis de la profession ». Brice Jantzem a ainsi souligné les sujets à l’agenda : la création d’un Ordre, les éventuelles délégations de tâches compte tenu de la démographie déclinante des ORL, coordination des professionnels de santé dans le parcours de soins… Tout en saluant les avancées technologiques permises par la R&D des fabricants, il a affirmé : « nous gardons un rôle important, primordial, celui de continuer d’écouter, d’accompagner, d’expliquer, de suivre nos publics pour garantir leur satisfaction et, in fine, l’observance ».
Le fait que le ministre, Yannick Neuder, ait envoyé une allocution vidéo de plusieurs minutes témoigne de son intérêt pour la santé auditive. Il a salué l’engagement de la profession, pour la prévention (dès le dépistage néonatal) et pour l’accès aux soins. Il a déploré l’augmentation des fraudes qui « met en péril la capacité de notre système de protection sociale à porter des réformes justes et nécessaires, comme le 100 % santé » et des pratiques d’exercice illégal. Le ministre a souligné l’adoption, dans la dernière loi de financement de la Sécurité sociale, de nouvelles dispositions renforçant les contrôles sur les centres auditifs. Il a enfin rappelé sa volonté que le système de soin se saisisse des opportunités offertes par l’IA. « L’audioprothèse est par nature une profession innovante, à la pointe des avancées technologiques qui transforment l’art de soigner », a-t-il conclu.
« Une profession indispensable, engagée pour une meilleure santé auditive, pour renforcer l’accès aux soins et promouvoir les solutions innovantes qui changent le quotidien des patients. »
Yannick Neuder
Prenant de la hauteur, Agnès Buzyn a consacré son intervention à la protection sociale. L’utilisation du terme « crise » lui semblant inapproprié et préférant parler d’un système de santé en transition, l’ex-ministre a listé les défis qu’il doit relever : vieillissement de la population (dans le monde entier), prise en charge des maladies chroniques, adaptation aux exigences de la population, médecins souhaitant mieux concilier vie personnelle et vie professionnelle… Pour Agnès Buzyn, le système français, qui est le 3ème au monde en termes de dépenses de santé rapportées au PIB, va devoir réussir à faire aussi bien voire mieux, alors que les cotisants et donc les cotisations sociales seront moins élevées.
« La réforme 100% santé, nous l’avons traitée comme un processus de soins allant de l’identification du besoin jusqu’à l’équipement pour finir par un accompagnement tout au long de la vie. Vous avez été moteurs de cette transformation, qui a été d’un bénéfice invraisemblable pour la population. »
Agnès Buzyn
Co-présidente de ce 45ème Congrès, le Dr Marie-José Fraysse, actuellement vice-présidente de l’Afrepa, est revenue sur la genèse de cette association et sur son rôle pour améliorer la prise en charge des patients. En 2008, les acouphènes était un sujet « mal aimé de l’otologie et de l’audiologie » à l’époque, en raison du peu de solutions, du manque de recherches fondamentales… Grâce au travail accompli depuis, des recommandations sont en préparation à la HAS sur la prise en charge des acouphènes invalidants. Et l’Afrepa vient juste de conclure une première étude scientifique sur les effets de l’appareillage pour les patients acouphéniques, y compris ceux ayant une très faible perte. Ses premiers résultats seront présentés aujourd’hui… Mais le Dr Fraysse a indiqué que des bénéfices avaient été trouvés, plus particulièrement lorsque les patients avaient le choix de leur programme (amplification seule, thérapie sonore ou les deux).
« Nous sommes nombreux, sur le terrain de l’ORL, à reconnaître votre indispensable travail pour valoriser et faire respecter votre profession. C’est un métier passionnant, un métier de soins lorsqu’il est pratiqué avec compétence et empathie. »
Marie-José Fraysse
