A l’écoute du terrain, L’Ouïe Magazine a pris des nouvelles de quelques audioprothésistes, installés dans diverses régions de France. Ces instantanés de confinement nous donnent un aperçu des problématiques rencontrées en ce printemps si particulier… Ils nous parlent de présent et d’avenir, non sans point d’interrogation mais avec une belle dose d’optimisme. Aujourd’hui, nous allons voir Charles-Alexis Gasnier, audioprothésiste dans l’Ouest.
En Loire-Atlantique, Charles-Alexis Gasnier et ses deux associés dirigent 22 centres Audilab, autour de Nantes et de Cholet. Tandis que les trois gérants tiennent une permanence téléphonique tous les jours, les 25 salariés, audioprothésistes et assistantes, sont en chômage partiel. Pour les cas les plus extrêmes – surdités sévères à profondes, enfants, acouphéniques – Charles-Alexis Gasnier peut fixer des rendez-vous ponctuels, dans l’un des labos situés en centre-ville.
Pour le jeune audioprothésiste, les journées de confinement sont plus calmes, mais certainement pas désœuvrées. « Elles sont rythmées par les appels des patients, les démarches administratives liées à la crise, la gestion globale de l’entreprise, la projection dans le futur, ainsi que des formations internes au réseau par visio. Les patients nous téléphonent pour savoir comment se procurer des piles (nous leur en envoyons) ou quand ils ont un souci avec leurs appareils auditifs. Je fais alors une première tentative de dépannage par téléphone, qui se solde par une réussite le plus souvent. Pour un filtre à nettoyer ou retirer, un écouteur à changer, j’ai pu leur expliquer comment régler le problème eux-mêmes. » Quand ce n’est pas le cas, l’audio propose au patient de lui apporter ses aides auditives en respectant scrupuleusement le protocole définit par les syndicats. Il a ainsi effectué des changements de tubes, coupés ou bouchés. « Je demande au patient de me déposer les appareils dans une barquette à l’entrée du centre. Il reste en dehors du centre pendant que je réalise le dépannage. Une fois la barquette récupérée, je la désinfecte minutieusement ainsi que les appareils. Je réalise tout cela en utilisant des gants. Une fois le dépannage terminé, je redépose la barquette à l’entrée du centre, le patient récupère ses appareils et nous nous saluons à travers la vitre. Je finis par tout désinfecter à nouveau. En tant que professionnel de santé, notre rôle est aussi de donner l’exemple. »
Un temps d’expérimentation et de réflexion
Avant le confinement, Charles-Alexis Gasnier ne pratiquait pas régulièrement les réglages à distance mais il avait tout de même commencé à le faire avec quelques patients. Il utilise actuellement cette alternative, à partir d’un PC portable équipé de Noah, pour « garder le lien avec nos patients en cours d’essais, continuer leur rééducation auditive et gagner du temps pour la reprise. De manière générale, cette solution est plutôt satisfaisante – je pratique essentiellement avec Phonak et Oticon – même si pas mal de paramètres doivent être réunis : patient à l’aise avec le numérique, bonne connexion, appareils compatibles, etc. ». La situation actuelle donne paradoxalement l’occasion de tester cette approche et plus généralement de réfléchir à sa façon de travailler. « Cette période plus calme nous permet de prendre du recul par rapport à notre quotidien. Nous essayons de réfléchir à la ligne directrice que nous voulons donner à notre équipe pour le futur. Nous avançons également sur les projets de développement que nous avions, que ce soit en termes de gestion d’entreprise, de communication ou de création de centre. Enfin nous profitons de visio de formation organisées au sein du réseau. »
Et si le confinement servait de déclic pour certains ?
Quant à la reprise de l’activité, Charles-Alexis Gasnier l’imagine plutôt chargée : « entre l’administratif, les patients qui ont eu un souci mais n’ont pas osé appeler, les essais en cours, les adaptations qui ont été reportées et les personnes pour qui le confinement et les difficultés de communication auront été un déclic pour franchir le pas… Nous mettrons tout en œuvre afin de répondre à la demande en respectant la qualité de service qui nous est chère et qui passe par de courts délais de prise en charge ». L’audioprothésiste voit cependant un très gros point d’interrogation pour les mois qui viennent : « en fonction de la date de reprise, les nouveaux patients viendront-ils tout de suite ou attendront-ils début 2021 et la mise en place complète du 100 % santé ? »
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#3 Florent Juan se concentre sur le temps long
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#7 Damien Passerat définit des mesures barrières rassurantes pour la fin du confinement
#8 Appareillage à distance : Yves Lasry teste la première solution globale