Le déconfinement devenant une perspective de plus en plus patente, la Centrale des audioprothésistes a organisé lundi un webinaire sur l’organisation de la reprise. Entre bonnes questions à se poser et bonnes pratiques à mettre en œuvre, Gilles Bevilacqua nous en donne les points clés.
« Au-delà des achats, nous sommes un groupement : cela nous a permis, depuis le début du confinement, avec une équipe dédiée, de faire un travail de compilation et de vérification des informations utiles que nous avons diffusées par mail et via nos réseaux sociaux, ainsi que mis à disposition de nos adhérents des modèles de courriers pour les bailleurs, assurances, banques… », affirme Gilles Bevilacqua, responsable de la Centrale des audioprothésistes. Dans une perspective pragmatique, la CDA a également communiqué à ses adhérents un comparatif des banques et un outil pour aider les audioprothésistes à définir leurs besoins de trésorerie. L’objectif premier du webinaire organisé en début de semaine était d’encourager l’échange de bonnes pratiques et l’identification de sources fiables sur les mesures d’hygiène à adopter.
Une cohésion d’équipe indispensable pour appliquer les gestes barrières
Selon Gilles Bevilacqua, le confinement va faire émerger des besoins chez les malentendants et accélérer des prises de conscience, notamment quant à la difficulté à comprendre au téléphone, par exemple. Avec le webinar de ce lundi, la CDA a invité ses adhérents à appréhender trois points de vue : celui du chef d’entreprise, celui du/des salarié(s) et celui des patients. « L’audioprothésiste doit recréer de la cohésion dans ses équipes après plusieurs semaines durant lesquelles chacun est resté chez lui : la bonne application des nouvelles consignes en dépend, estime Gilles Bevilacqua. Il va falloir adapter l’environnement de travail, les interactions entre les collaborateurs, changer de réflexes de façon presque contre-nature : ne plus serrer de main, ne pas se passer les stylos… L’atelier devra aussi être réorganisé afin que chaque outil pris en main soit reposé sur un plateau spécifique avant désinfection. » Il faut donc des consignes claires, affichées dans le centre (lavage des mains, gestes barrières), qui sera débarrassé de tous les objets non indispensables, potentiellement vecteurs de virus : dépliants, bonbons, certaines chaises…
300 000 masques commandés
La feuille de route de la CDA envisage bien entendu la mise en place de tous les moyens de protections individuels ou collectifs : panneaux de plexiglas pour les bureaux – pour permettre une certaine proximité avec les patients tout en se protégeant et sans changer la disposition des meubles -, visières, gel hydroalcoolique et masques. « Nous avons fait une commande groupée de masques chirurgicaux (plus de 300 000 unités) la semaine dernière, auprès d’un fournisseur européen avec lequel nous travaillons aussi en optique, afin qu’ils soient disponibles pour la réouverture des centres auditifs », indique Gilles Bevilacqua. Les bonnes pratiques identifiées s’appuient sur des sources officielles, notamment l’Institut national de recherche et de sécurité pour la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles (INRS) et le ministère du travail.
Organiser l’agenda en fonction de la configuration du centre
L’agencement du centre aura un impact direct sur la capacité à prendre des rendez-vous car il conditionne le nombre de personnes pouvant être présentes simultanément, en respectant la distanciation physique. Une communication spécifique à destination des patients sera donc nécessaire dans les semaines suivant la reprise : « il faudra rappeler les patients, dans un certain ordre, les informer qu’ils doivent être le plus à l’heure possible (pas 20 minutes en avance), avertir les accompagnants, prévoir des rendez-vous plus longs pour intégrer un temps de désinfection et d’aération », liste Gilles Bevilacqua. Il conseille aux audioprothésistes de faire des jeux de rôle afin de s’approprier le nouveau mode de fonctionnement du centre et évaluer le temps nécessaire, entre chaque patient, pour nettoyer les surfaces, désinfecter les instruments, ventiler, etc. La CDA a établi le conducteur d’un rendez-vous type. Enfin, il faut envisager la venue de patients sans rendez-vous et donc la mise en place d’une borne d’accueil bien définie qui évitera de devoir tout nettoyer uniquement pour un achat de piles à l’improviste.
Des fichiers en ordre, impératif pour une reprise bien cadrée
« Avant même de parler de la reprise en pratique, nous avons encouragé les audios à travailler sur leur communication, à garder le contact avec leurs patients et avec les prescripteurs, rappelle Gilles Bevilacqua. Ils doivent faire un travail de fond sur leurs bases de données car demain, ils vont travailler essentiellement sur rendez-vous : il faut avoir une démarche de qualification des contacts, afin de mesurer l’impact sur l’agenda. Dans un second temps, on pourra recommencer à penser à la prospection. » Des conseils qu’il n’est pas trop tard pour mettre en œuvre, en attendant le 11 mai !