Des masques en vente dans les supermarchés, un déconfinement qui devient tangible au moins pour une partie des départements, des masques « grand public » distribués par les mairies… Et les audios dans tout ça ? Faisons le point sur les filières d’approvisionnement et sur les différents niveaux de protection.
Des masques chirurgicaux sont commercialisés depuis ce lundi dans la grande distribution à tarifs encadrés par les pouvoirs publics (80 centimes HT en gros, 95 centimes TTC au détail, hors frais de port). Un début de polémique a émergé ce week-end à ce sujet, la Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France déplorant notamment qu’ils ne soient pas réservés aux personnes les plus fragiles et demandant qu’ils soient, pour ces dernières, remboursés par la Sécurité sociale. Le ministre de la santé, Olivier Véran, a indiqué que des réquisitions seraient possibles. Et parallèlement, l’Unsaf vient de confirmer que les audioprothésistes pouvaient bénéficier des stocks d’Etat: voir notre news à ce sujet.
Comment les audios se sont-il débrouillés ?
A une semaine du déconfinement – encore hypothétique dans certains
départements – la question des masques se pose avec urgence. Nombre d’audioprothésistes ont déjà pris leurs dispositions et passé des commandes, dans un contexte très paradoxal, alors que les masques chirurgicaux et FFP2 étaient très peu disponibles… Exemple parmi tant d’autres, Oscar Thuaire, installé depuis quelques mois dans les Landes (Clarté Audition à Mont-de-Marsan), s’est mis en quête de masques dès la mi-avril : « j’avais un tout petit stock d’une vingtaine de masques chirurgicaux et d’une vingtaine de FFP2, mais comme j’assure des permanences deux fois par semaine dans mon centre pour les piles, les urgences et les produits d’entretien, je voyais mes réserves descendre… J’ai un voisin qui fait de l’import-export avec la Chine et en parlant avec lui j’ai eu la possibilité de faire une commande. J’ai partagé ce bon plan avec d’autres audioprothésistes sur Facebook ». Les audioprothésistes indépendants, notamment ceux qui n’adhèrent à aucun groupement ou centrale, n’avaient, mi-avril, pas d’autre option que de chercher des fournisseurs par eux-mêmes. Des offres de commandes groupées ont donc circulé, toujours assorties de cette question : quelles sont les garanties quant à la fiabilité des masques achetés sur internet et/ou hors d’Europe ? « Etant professionnel de santé, la première question que je me suis posée est évidemment celle des normes. J’ai consulté les certificats des masques commandés, ils sont normés CE, cela m’a rassuré. Et je ne règlerai qu’après les avoir eus en main. » L’audioprothésiste souligne le fait qu’il est seul « au front » dans son propre labo. Cette commande va lui permettre de s’équiper et d’en donner à ses patients qui n’en auraient pas, afin de pouvoir reprendre dans le respect des protocoles d’hygiène.
Où s’approvisionner ?
Les masques sont de plus en plus disponibles, sans que tous les obstacles soient cependant levés. Pour s’approvisionner, les audioprothésistes ont aujourd’hui plusieurs voies. Tout d’abord, les pharmacies, mais pas forcément toujours en quantités suffisantes pour couvrir les besoins de tous les collaborateurs d’un centre, assistantes, techniciens… Les fournisseurs habituels du secteur en proposent également, tout comme les centrales d’achats. Rien n’empêche, enfin, les audioprothésistes de passer par les circuits grossistes et grand public, en vérifiant scrupuleusement les références indiquées (voir encadré ci-dessous).
Que valent les alternatives ?
Par souci écologique, certains professionnels envisagent de se tourner vers
des masques réutilisables, au moins pour partie. Masques-barrières, masques grand public, masques lavables… Ces différentes appellations désignent des masques en tissu, réalisés dans le contexte de pénurie dans une logique de « mieux que rien ». Ils n’offrent absolument pas une garantie équivalente à celle des FFP2, ni même des masques chirurgicaux, mais s’ils sont fabriqués en suivant les recommandations d’Afnor et de la Direction générale des armées pour le choix des tissus, ils ont une réelle efficacité (voir encadré). 4 médecins ont d’ailleurs créé un site pour aider les particuliers à s’y retrouver et partager des modèles.
Enfin, des fabricants de masques anti-pollution pour cyclistes ou motards, ont été sollicités par des professionnels de santé. Ces protections fonctionnent généralement avec un filtre jetable dans une enveloppe textile. Le Mask français revendique une filtration des particules inférieures à 0,3 microns. La start up R-Pur affirme que ses filtres ont une efficacité supérieure à la norme FFP3. Ils sont donc théoriquement en mesure d’assurer une barrière suffisante. Cette solution alternative devra être évaluée en fonction de son coût dans la durée et de son confort, potentiellement meilleur grâce à leur conception ergonomique.