Afin de vous aider à appréhender la reprise au mieux et à vous positionner par rapport aux réflexions en cours dans la profession, L’Ouïe Magazine a réalisé une enquête auprès des audioprothésistes et de leurs collaborateurs, dans la semaine précédant le déconfinement. En voici les premiers résultats.
Premier constat, quantitatif, un nombre important de centres a au moins partiellement rouvert avant le 11 mai : augmentation des plages de présence, rappels des premiers patients non-urgents, tests des protocoles d’hygiène… Ces différents motifs ont amené 34 % des personnes ayant répondu à notre enquête* à être sur le terrain avant le déconfinement officiel. Mais pour la grande majorité d’entre vous, la vraie reprise a eu lieu lundi dernier. Dans la semaine précédente, près de 10 % des salariés se déclaraient en activité (en présentiel ou en télétravail), un quart en chômage technique et environ 65 % en activité partielle, assurant des permanences. Du côté des chefs d’entreprise, plus de 8 sur 10 se déclaraient en activité, dans leurs centres ou en télétravail (4 % à plein temps, 8 % à temps partiel) ; 18 % n’avaient aucune activité.
Réouverture : 25 % d’impatience, 25 % d’inquiétude, 50 % de concentration sur l’organisation
Concernant leur état d’esprit à l’approche de la reprise, les personnes interrogées ont exprimé une certaine motivation mais aussi des inquiétudes. Un quart était impatient de reprendre, tandis qu’un autre quart se disait un peu anxieux, et une majorité, un répondant sur deux, était en pleine réflexion sur l’organisation du centre pour la réouverture. Malgré quelques réserves, quant au manque de protections disponibles (8 % des répondants l’ont mentionné) ou aux questions pratiques (28 %), la majorité pensait reprendre dans de bonnes conditions (64 %). Concrètement, 99 % de nos sondés avaient accès à au moins une partie des protections nécessaires, avant le déconfinement. Les très grandes difficultés observées en début de confinement – 45 % des sondés nous avaient déclaré ne pas avoir pu trouver de matériels de protection – paraissent donc dépassées.
Des freins à la reprise et des moyens d’y remédier
Invités à classer les facteurs pouvant freiner la reprise, les sondés, tous statuts confondus, ont placé en tête le faible nombre de nouvelles prescriptions dans les premières semaines : 68 % l’ont cité en première ou deuxième position. Viennent ensuite la peur des patients de ressortir (plus d’un répondant sur deux l’a placé en premier ou deuxième) puis, juste derrière, les pertes de temps occasionnées par les mesures sanitaires. Le fait d’être dans un département classé rouge arrive loin derrière : 8 répondants sur 10 l’ont cité en dernier ou avant-dernier.
Nous vous avons également invités à donner votre opinion sur une potentielle avancée du calendrier du 100 % santé. L’idée a été explicitement évoquée par François Le Her, président du CNA, dans son édito des derniers Cahiers de l’audition et émise par Eric Bizaguet, président d’honneur du Collège, au cours de notre webconférence du 30 avril. Les organisations professionnelles ne se sont pour l’heure pas encore positionnées sur ce sujet. Le résultat de notre sondage est net sur ce point.
Parmi les 60 % ayant répondu « Oui » et commenté leur choix dans l’enquête, quasi tous estiment que cela permettrait d’éviter l’attentisme de fin d’année, constaté en 2018 et 2019. Les éventuels reports d’appareillages à début 2021 apparaîtraient, aux yeux de beaucoup comme une « double peine » ou un « double choc ». Cette accélération du calendrier serait d’autant plus envisageable, selon certains, que « la phase 2 du 100 % santé est passée inaperçue jusque-là ».
Les téléréglages gagnent du terrain
Ces deux mois de confinement ont commencé à faire bouger certaines lignes. Très peu pratiqué par les audioprothésistes français (6 % de nos sondés ont déclaré l’utiliser avant mars 2020), le téléréglage est devenu un sujet d’actualité. Le quart des personnes ayant répondu à notre enquête a déclaré avoir évolué sur le sujet et voudrait s’en servir dans cette période de déconfinement, un tiers supplémentaire affirmant ne pas être en mesure de le faire pour le moment. Un peu plus d’un tiers y reste hostile.
Une autre solution potentielle, en revanche, ne recueille pas une forte adhésion. Nous avons soumis l’idée d’un assouplissement de la réglementation sur l’appareillage à domicile, comme piste pour limiter les contaminations : les avis restent mitigés sur la question, 36 % estimant que c’est une voie possible tandis que 41 % considèrent qu’il n’est pas possible de réaliser une prise en charge correcte hors centre.
Dans un prochain décryptage de l’enquête, nous reviendrons sur le versant économique de notre sondage : baisses de chiffres d’affaires constatées, perspectives de remontée, impact sur l’avenir des centres…
Vous pouvez également retrouver les résultats de notre enquête flash réalisée en début de confinement : Combien d’audios ont fermé leur centre ? Combien assurent les urgences ? Ont-ils des masques ? et Covid-19 : quelles conséquences économiques pour votre centre ?
*Enquête réalisée par sondage en ligne entre le 4 et le 12 mai 2020. Parmi les répondants, 71 % sont chefs d’entreprise, 19 % audioprothésistes salariés et 10 % collaborateurs (6 % assistants, 4 % techniciens).