Que la reprise ait eu lieu lundi 11 mai ou un peu avant, ces 5 audioprothésistes adhérents de la coopérative sont soulagés de voir revenir les patients en nombre dans leurs centres, des Hauts-de-France à la Nouvelle-Aquitaine.
La fermeture des centres auditifs a été vécue comme un choc par nombre d’audioprothésistes. Les 5 adhérents d’Entendre que nous avons interviewés l’ont ressenti. Au-delà des informations communiquées au jour le jour par leur siège (sur la crise sanitaire, les mesures gouvernementales, les bons gestes, les courriers types pour les patients, ORL, bailleurs, etc.), ils soulignent tous combien le dialogue entre pairs par messagerie professionnelle leur a été bénéfique psychologiquement. « Cela m’a permis
de ne pas me retrouver seul dans mon coin à me demander si je prenais les bonnes décisions », raconte Olivier Sorrant, à la tête de 5 centres dans le Pas-de-Calais. « Les audios du Grand Est ont été parmi les premiers à partager des infos et astuces, se souvient Nathalie Ménard, à Brive-la-Gaillarde. Par exemple, une audioprothésiste se servait de sa boîte aux lettres comme sas pour réceptionner ou remettre des appareils sans faire entrer les patients. » L’enseigne a mis en place un dispositif de continuité de soins à destination des patients, dont un numéro d’appel national, mais les audios équipés de téléphones IP ont pu recevoir directement les appels de leurs patients chez eux.
Hygiène : une montée en charge
A l’approche de la reprise, la question des mesures sanitaires
à mettre en œuvre pour faire revenir les collaborateurs et accueillir les patients est devenue cruciale. « J’ai suivi la formation à distance dispensée par une infirmière spécialiste de l’hygiène hospitalière, proposée par Entendre, relate Gildas Hesse qui dirige 4 centres auditifs dans le Finistère et fait également des vacations en réglages d’implants à Brest. L’un de mes associés est infirmier donc on avait déjà des protocoles stricts – on travaille avec des gants depuis 3 ans – mais là nous avons tout vu en détail : comment désinfecter, bien mettre et enlever un masque, à quelle fréquence changer la solution des bacs à ultrasons etc. J’ai réuni les équipes avant le lundi 11 pour leur expliquer le nouveau protocole. Tous nos rendez-vous sont allongés d’un quart d’heure : je désinfecte ma cabine, mon associé son atelier. » Sébastien Cheval chapeaute
4 centres entre Ille-et-Vilaine et Morbihan, il a fait le choix d’allonger ses journées pour compenser le temps passé en nettoyage : « la formation hygiène m’a appris beaucoup de choses, je pensais avoir un produit efficace pour les surfaces mais il ne l’était pas contre le Covid. J’ai adapté ces conseils à mes centres avec des choses parfois très simples comme mettre de la cellophane sur les claviers, ajouter des housses en plastique sur mes fauteuils en tissu ».
Confinement, déconfinement, reprise : rester au contact
Les audios ont jugé essentiel de maintenir le lien avec leurs
patients, de faire savoir qu’ils répondaient aux urgences puis d’annoncer qu’ils avaient pris des mesures pour les recevoir à nouveau sans risque… « J’ai fait le choix de les informer par sms et courrier papier pour ceux qui n’ont pas de portable, cela m’a paru le bon moyen de dire « On est là » sans être trop intrusif », précise Sébastien Cheval. « Le prestataire informatique a mis à jour mon site internet pour que mes patients sachent qu’on allait rouvrir et dans quelles conditions, une grande affiche m’a permis d’informer les passants », explique de son côté Nathalie Ménard.
Des patients plutôt impatients
Pouvoir accéder sans difficultés aux masques, gants, gel hydroalcoolique, visières, blouses, protections plexiglas etc. a été un soulagement pour les audioprothésistes que nous avons interviewés – « les commandes groupées sont rassurantes, il y a tellement d’arnaques », souligne Olivier Sorrant. Tous attestent que les protocoles d’hygiène, contraignants mais surmontables rassure réellement leurs patients… Qui reviennent nombreux « pas stressés et en train de prendre l’habitude des gestes barrières » selon Sébastien Cheval et même « plutôt pressés » pour Gildas Hesse… Pour Sébastien Gény, aux commandes de 15 centres auditifs dans le Nord, l’heure de la reprise a sonné
il y a 2 semaines ; il pensait se limiter à des demi-journées, le flot de demandes l’a conduit à rouvrir complètement au bout de 3 jours. « Une petite partie des patients montre une certaine incompréhension, ils viennent sans masque ou ont du mal avec la distanciation malgré la signalisation et le fléchage fournis par Entendre… J’ai vu d’abord des personnes avec des pannes, des appareils perdus, et depuis le 11 mai, j’ai fait des renouvellements et j’ai même eu un petit flux venant des ORL… Le plus drôle, c’est que j’ai des patients inquiets pour notre survie économique : ils proposent de payer un acompte tout de suite ! »
Communiquer avec des personnes malentendantes en portant un masque constitue l’une des difficultés majeures en cette période de reprise. « Je reste derrière le plexiglas et je porte une visière, mais sans masque pour parler à mes patients », indique Nathalie Ménard. Une solution pour s’assurer que les informations passent bien.
Campus confiné pour les étudiants
Pensant aux stagiaires de 2e année privés de formation pendant des mois, une dizaine d’adhérents Entendre ont proposé des sessions à distance aux étudiants de l’école de Montpellier. Ces séances par groupe de 5 étudiants, avec 2 animateurs, étaient prévues pour 45 mn mais ont toujours duré le double, en raison de la quantité de questions. Elles ont porté sur des grandes notions, qui auraient été approfondies en stage : au-diométrie aux inserts, au casque, dans le bruit, justification du choix prothétique, détection des pannes… Par ailleurs, Sébastien Gény, responsable des enseignements de 2e année (à venir) à l’école de Lille, a également proposé des modules en visio aux étudiants de 1ère année.