Impact de la crise sanitaire sur l’activité du secteur, perspectives, projets… Guillaume Flahault, président du Syndicat national des entreprises de l’audition (Synea), s’exprime sur les sujets phares de l’actualité de l’audioprothèse. Extraits de son interview, à retrouver en intégralité dans le prochain numéro de L’Ouïe Magazine.
Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est le Synea aujourd’hui et ce qu’il représente dans la profession ?
Le Syndicat national des entreprises de l’audition fédère 10 enseignes d’audioprothèse : Amplifon, Audika, Audilab, Audio 2000, Audition Santé, GrandAudition, Krys Audition, Optical Center, SoluSons, Sonance et Vivason. Nous représentons 2 800 centres qui emploient plus de 1 700 audioprothésistes. Le Synea est une des principales organisations représentatives de la profession et, à ce titre, a notamment signé le livre blanc et la charte de bonnes pratiques en 2016, ainsi que l’accord sur le 100 % santé en 2018. Nous négocions aussi avec la Cnam la prochaine convention dont nous serons également signataires.
Quelles ont été les actions mises en place par le Synea dans le cadre de la crise sanitaire ?
Nous avons abordé le confinement avec un esprit de responsabilité. Avec le Synam (Syndicat national des centres d’audition mutualiste), nous avons mis en œuvre un service minimum dont les modalités avaient été définies avec la DSS (Direction de la Sécurité sociale). Ce dispositif nous a permis de gérer 153 000 contacts par téléphone et e-mail et de procéder à 25 000 interventions physiques justifiées par leur caractère d’urgence. Aujourd’hui, tous les points de vente des enseignes du Synea maintiennent un protocole sanitaire axé sur le respect des gestes barrières, la prise systématique de rendez-vous, etc. Nous préconisons de maintenir un stock de gel et de masques d’au moins 10 semaines et restons à l’écoute des directives sanitaires.
Comment s’est déroulée la reprise de l’activité pour les enseignes membres du syndicat ? Quelles sont les prévisions ?
Le marché est en forte baisse. A fin juin, il accusait une baisse de 35 % en valeur comme en volume par rapport au 1er semestre de l’année dernière. Pour l’année 2020, le Synea s’attend à une baisse à deux chiffres, car le contexte sanitaire de la rentrée ajouté à l’attentisme lié au 100 % santé va fortement pénaliser la situation économique du secteur. Nous sommes en revanche optimistes quant à une forte augmentation des volumes de vente en 2021, avec la mise en œuvre du reste à charge zéro à partir du 1er janvier, pourvu que le contexte sanitaire le permette.
Le SDA a publié fin juillet le premier recueil de bonnes pratiques de la profession. Quelle est votre position sur cette initiative ? Et, plus largement, sur la nécessité de doter le secteur d’un cadre professionnel ?
Nous sommes favorables à l’établissement de bonnes pratiques et avions d’ailleurs signé la première charte de bonnes pratiques en 2017 avec le SDA. Nous souhaiterions que ce document soit actualisé à la lumière de l’évolution de la réglementation, de la réforme 100 % santé et des enseignements de la crise sanitaire. Un tel document devrait être développé et signé par toutes les organisations professionnelles afin qu’il soit respecté par tous les audioprothésistes. Le Synea propose donc de mener le travail tous ensemble et d’approfondir dans la charte des thèmes comme la perte d’autonomie, la communication sur le 100 % santé, le relationnel médical, les rapports avec les réseaux de soins … Concernant la communication, notre objectif reste de promouvoir une communication responsable excluant les offres sans lien avec l’audition.
Quels sont les principaux objectifs du Synea dans les prochains mois ?
Nous allons avancer et défendre nos propositions pour soutenir l’activité des centres audio mais aussi la mise en place de mesures structurelles pour améliorer l’accès aux soins auditifs. Le Synea souhaite que les entreprises de la profession bénéficient d’allègements de charges et que le plafond de remboursement des aides auditives pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire soit porté à 950 euros, contre 800 euros aujourd’hui. Nous demandons aussi que la durée de la période d’essai pour les renouvellements soit libre, que le délai de 4 ans entre deux prises en charge ne soit appliqué qu’à partir de 2023 et que l’année de référence pour le calcul du seuil de marché soit repoussée à 2022. En ce qui concerne les mesures structurelles, nous considérons qu’il faut aligner a minima les remboursements des appareils de classe I avec ceux des appareils de classe II, maintenir pour l’instant l’autorisation pour les médecins généralistes d’établir les primo-prescriptions, et favoriser l’accès aux personnes en perte d’autonomie en adaptant la règlementation sur la télé-audiologie et l’audiologie. Enfin, nous insistons pour que les pouvoirs publics organisent une grande campagne annuelle de prévention et de repérage des troubles auditifs et ce, dès 2021.