Le comité de suivi du 100 % s’est réuni le 13 avril au ministère de la Santé, en présence d’Olivier Véran, des organisations professionnelles, des représentants de l’Assurance maladie, des Ocam et de la DGCCRF. Luis Godinho, président du SDA, revient pour L’Ouïe Magazine sur cette rencontre, durant laquelle Olivier Véran, ministre des Solidarités et de la Santé, a évoqué une éventuelle remise en cause de l’indissociabilité entre l’appareillage et les prestations, si les audios ne jouent pas le jeu de la télétransmission des suivis.
« Le ministre a insisté clairement sur la nécessité de télétransmettre les suivis d’appareillage et voulait entendre les syndicats sur ce point », nous a confié Luis Godinho. Lors du comité de suivi, le président du SDA a rappelé que son organisation avait déjà sensibilisé la profession sur le fait que « cette obligation n’était pas une option, que c’était important, mais que les audioprothésistes étaient confrontés à certains problèmes techniques, notamment avec certaines caisses d’assurance maladie qui pratiquent des rejets ». En parallèle, il invite ceux qui ne sont pas équipés à se doter des outils et procédures nécessaires, pour faire rapidement augmenter le nombre de télétransmissions des suivis. « Si ce n’est pas le cas, le ministère nous a averti qu’il pourrait y avoir une remise en cause de l’indissociabilité entre la vente et le suivi, et ce dès le PLFSS 2022, soit dès septembre 2021 », alerte Luis Godinho. En ce qui concerne la mise en place du questionnaire de satisfaction qui, pour le SDA, est également un outil très important pour mesurer les taux de succès des appareillages, « Olivier Véran nous a répondu que ce questionnaire sera mis en œuvre dans le courant de l’année », explique-t-il.
« Les réseaux de soins sont un obstacle au tiers payant universel »
Autre sujet abordé lors de la réunion du 13 avril : le tiers payant, qui deviendra obligatoire pour les complémentaires sur la classe I en 2022. « Il marche très bien pour la pharmacie qui traite quelque 20 000 références, on ne voit donc pas pourquoi il ne fonctionnerait pas avec la dizaine de références de l’audioprothèse. La profession a négocié avec succès le 100 % santé avec le gouvernement et la convention Cnam avec l’Assurance maladie. Si, pour le tiers payant, on discute avec les Ocam sous la houlette du ministère, cela fonctionnera aussi », a argumenté le président du SDA, en pointant du doigt les réseaux de soins, qui freinent selon lui la mise en place d’un système universel : « Chacun a des systèmes différents. En plus d’être un obstacle sur ce point, ils ont pour conséquence une baisse de la qualité des prestations. Entre 2012 et 2018, le temps de port quotidien moyen des aides auditives a baissé de 1h30 par jour, soit 15 %. Comment ne pas y voir l’impact du développement des réseaux ? »
Des professionnels non diplômés dans les centres
Présente lors de la réunion, la directrice générale de la DGCCRF, Virginie Beaumeunier, a de son côté fait le point sur l’enquête en cours dans les magasins d’optique et les centres audio sur le respect des règles relatives au 100 % santé. Environ 300 points de vente ont été à ce jour contrôlés sur un objectif de 700. Essentiellement en optique, des « non-conformités » (non détaillées) ont été constatées dans 6 cas sur 10. « La DGCCRF a aussi relevé des « “défauts de qualifications professionnelles”, c’est-à-dire l’exercice de professionnels ne disposant pas des diplômes requis », relaye Luis Godinho.
Le président du SDA a enfin rappelé le lien entre le déficit auditif et le sur-déclin cognitif, les répercussions positives de la compensation de la malentendance sur la santé des personnes âgées, ainsi que le ratio coûts / économies des appareillages, évalué à 1/10 par l’étude de Jean de Kervasdoué et de Laurence Hartmann publiée en 2016, et même à 1/30 par l’OMS, ratio qu’on « ne retrouve qu’avec la vaccination ». Fort de ces éléments, Luis Godinho a poussé les pouvoirs publics et Olivier Véran à communiquer plus amplement sur le 100 % santé à l’issue de la crise sanitaire.
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