Les recherches portant sur l’éventuelle relation entre perte de densité osseuse ou ostéoporose et déficit auditif sont encore peu nombreuses, mais une récente étude épidémiologique a identifié un lien statistique clair.
Des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital de Boston ont passé au crible les données de santé de 144 000 femmes, dans le cadre de l’étude CHEARS (« Conservation of Hearing », conservation de l’audition). Ils ont eu ainsi accès à des cohortes très importantes, suivies sur des durées allant jusqu’à 34 ans, et ont pu mettre en relation l’ostéoporose et la perte de densité osseuse, la prise ou non de bisphosphonates (molécules utilisées dans le traitement de ces affections), les fractures de vertèbres et de hanches, et les déficits auditifs. Les auteurs de l’étude ont trouvé que le risque de présenter une perte auditive était 40 % plus élevé chez les patientes souffrant d’ostéoporose ou d’une autre forme d’affaiblissement osseux. En revanche, aucune corrélation entre niveau de surdité et prise de bisphosphonates n’a été identifiée. Une précédente recherche, sur modèle animal, suggérait en effet que ces composés pourraient avoir un effet pour restaurer une audition diminuée. Cette hypothèse n’est donc pour l’instant pas confirmée. Des explorations complémentaires sont nécessaires à la fois pour comprendre les mécanismes qui sous-tendent le lien entre ostéoporose et perte auditive – les chercheurs pensent que le remodelage osseux anormal a un impact sur le fonctionnement des organes impliqués dans l’audition voire sur le métabolisme de la cochlée – et pour évaluer si les bisphosphonates pourraient jouer un rôle préventif ou curatif, à certaines doses ou administrés à certains moments.