Ouïe Magazine
Publié le 23/11/2021

Le Syndicat des audioprothésistes a présenté ce matin le 2e volet de son observatoire de la réforme 100 % santé, dans les 3 secteurs, avec un focus sur l’audio.

Le nouveau volet de l’enquête menée par BVA pour le SDA sur le 100 % santé – avec un très large panel de personnes interrogées* – recèle une bonne nouvelle : malgré un léger tassement, la réforme est toujours bien perçue. 84 % des Français qui en ont entendu parler la jugent bonne (plutôt: 64 %, très: 20 %), en baisse de 4 points. Et ils savent aussi qu’elle concerne les 3 secteurs.

Observatoire SDA-BVA : la connaissance de la réforme ne progresse pas

Ceux qui connaissent l’existence de la réforme la cernent bien et la jugent positivement… Mais ils ne sont toujours que 52 % des sondés, sans vraie évolution depuis le mois de février. Les plus de 50 ans sont un peu plus sensibilisés (64 %) ainsi que les personnes souffrant de troubles auditifs (65 %).

Les sources d’information sur la réforme sont multiples, mais les audioprothésistes arrivent loin dans la liste.

Les autres chiffres clés du baromètre :

90 % des Français savent qu’un déficit auditif non corrigé a des « répercussions majeures sur la santé »
Mais 24 % pensent encore que cela fait partie « des petits tracas de la vie »
1 sondé sur 2 qui déclare des problèmes auditifs, les a depuis au moins 5 ans
90 % (plutôt: 49 %, très: 41 %) sont satisfaits des prestations de leur audioprothésiste
95 % de ceux-ci disent conseiller à leurs proches de ne pas attendre pour s’équiper
Et 69 % déclarent qu’ils auraient du le faire plus tôt
55 % des malentendants préfèrent choisir librement quitte à avoir un reste à charge
45 % préfèrent avoir accès à un appareil sans option mais pris en charge à 100%

Baromètre SDA-BVA : la connaissance de la réforme ne progresse pas
La gravité des troubles et de leurs répercussions sur la santé en général est toujours sous-estimée par ceux qui en souffrent.

Le syndicat des audioprothésistes tire de ce baromètre plusieurs arguments  à l’appui des propositions qu’il a récemment avancées contre les dérives possibles dans le cadre de la réforme. Une fois les biais statistiques corrigés, il y aurait autour de « 2,750 millions de Français appareillés : on est proche des 50 % de malentendants équipés, soit l’objectif final de la réforme », a souligné Luis Godinho, président du SDA. Rappelant l’étude économique menée par Jean de Kervasdoué et Laurence Hartmann, il a insisté sur le fait que le traitement auditif était l’un des leviers « pour sortir du curatif et aller vers le préventif ». « Il y a des risques de dérives qui méritent d’être soulignés quand on voit le profils des patients, qui sont des personnes plus fragiles que les autres, présentant plus de comorbidités », a-t-il expliqué, dénonçant « des promotions pour le Black Friday alors que les aides auditives sont des dispositifs médicaux qui sont pris en charge tous les 4 ans ». Le SDA estime que « 5 à 10 % » des aides auditives pourraient avoir été délivrées en lien avec « une stimulation publicitaire forte ». Luis Godinho a donc pris position contre les publicités commerciales : « l’encadrement, qui était très léger quand les remboursements par l’Assurance maladie étaient faibles n’a pas bougé, il est nécessaire d’encadrer la publicité tout en laissant la place pour l’information générale. 54 % des gens équipés ont plus de 75 ans. Est-ce normal de voir “La 2e paire à 1 euro”, le soir, à la télévision ? Je ne le pense pas ».

De l’Ordre ?

Le syndicat continue à défendre le principe de règles professionnelles opposables, sans se prononcer formellement en faveur de la création d’un Ordre des audioprothésistes : « nous laissons aux pouvoirs publics le soin de déterminer le meilleur moyen de les faire respecter », ajoutant que toutes les propositions actuelles du SDA relèvent du domaine règlementaire et ne nécessitent pas de changement législatif.

« Une réflexion à mener sur le nombre d’audioprothésistes à former »

Le SDA estime qu’autour de 15 % des personnes équipées cette année ont été attentistes en 2019 et 2020 et que le port du masque a poussé une part de patients non négligeable, mais difficile à quantifier, à franchir le cap. Les audios ont également vu arriver des personnes qui possédaient un appareil depuis très longtemps et ont pu le renouveler sans surcoût en 2021. Quoiqu’il n’y ait pas eu d’explosion des délais d’attente, Luis Godinho estime qu’il y a « une réflexion à mener sur le nombre d’audioprothésistes à former » pour suivre tous les nouveaux patients et en appelle à l’analyse de l’Observatoire national des professions de santé (ONDPS).

Pour finir, le syndicat est toujours dans l’attente des résultats de l’enquête de la DGCCRF ainsi que du dépôt du rapport de l’Igas. Il a par ailleurs indiqué qu’il y avait eu une très forte progression des télétransmissions des rendez-vous de suivi par les audioprothésistes et que l’Assurance maladie en était satisfaite. Il n’y aura cependant pas de nouvelle réunion du comité de suivi de la réforme 100 % santé avant la fin de l’année.

* 2ème vague réalisée en ligne du 15 octobre au 1er novembre 2021 auprès de 6 000 Français de 18 ans et plus ; 956 personnes souffrant de problèmes auditifs dont 298 équipés d’un appareil auditif, 2218 personnes ayant au moins un membre de leur famille proche souffrant de problèmes auditifs dont 1313 équipés d’un appareil auditif.
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