Les inscriptions au 12e colloque de l’Afrépa, les 9 et 10 septembre à Bordeaux, sont ouvertes ! 10 ans après sa 1ère édition, un riche programme est prévu pour mesurer les progrès réalisés dans la prise en charge des patients acouphéniques. Membre du comité d’organisation, le Dr. Damien Bonnard, ORL, spécialisé en audiologie et acouphénologie au CHU de Bordeaux, nous en dit plus.
Quelles sont ces grandes évolutions survenues en acouphénologie depuis 10 ans ?
Dr. Damien Bonnard : Ces 5 à 10 dernières années, la prise en charge s’est nettement améliorée : les bonnes pratiques, mais aussi les choses à éviter se sont diffusées auprès des médecins ORL, il y a de moins en moins de patients qui se sentent délaissés, qui entendent : « on ne peut rien pour vous, il faut faire avec »… Cette avancée a été rendue possible notamment par la communication mise en place par l’Afrépa (le nombre d’équipes référentes a beaucoup augmenté) et par le travail pluridisciplinaire.
Une avancée très marquante a été réalisée dans le domaine des acouphènes pulsatiles. Jusque récemment, on ne retenait que rarement une indication d’intervention pour une anomalie veineuse, responsable de l’acouphène, mais ne présentant pas de danger pour le patient. La banalisation de procédures de neuroradiologie interventionnelles, bien codifiées et peu risquées, a permis de traiter des personnes souffrant d’acouphènes pulsatiles. Plusieurs centres de neuroradiologie, dont celui de Bordeaux, se sont intéressés au sujet et ont développé l’imagerie adaptée à ces interventions.
C’est un retournement complet de situation, on peut ainsi soulager d’un seul coup certains patients acouphéniques.
Très récemment, une nouvelle indication d’implantation cochléaire a été retenue pour les personnes acouphéniques ayant une surdité unilatérale sévère à profonde, pour lesquels un appareillage classique n’est pas efficace. Cela a été officialisé fin 2021. A ma connaissance, nous sommes le 1er pays au monde à proposer une prise en charge intégralement remboursées des implantations, pour cette indication spécifique.
Ces sujets figurent au programme du colloque. Quels sont les autres temps forts ?
La journée du samedi sera largement consacrée à un thème assez original et très peu étudié jusqu’à présent : la variabilité intra-individuelle de l’acouphène. Les modèles sont généralement trop figés pour rendre compte du fait que de nombreux patients décrivent des moments où la gêne est moins forte ou plus pénible. Grâce au soutien du professeur René Dauman, nous recevrons des invités internationaux prestigieux. Je pense que nous les avons mis au challenge avec ce thème ! C’est tout l’esprit de l’Afrépa : il y a peu de congrès qui réunissent autant de domaines de la recherche fondamentale à la pratique clinique sur un thème aussi précis. C’est ce qui en fait la richesse et le succès.
Pourquoi l’approche pluridisciplinaire est-elle si pertinente en acouphénologie ?
Pour les pathologies chroniques, ce qui fonctionne c’est de suivre régulièrement les patients et d’associer les forces de plusieurs professionnels. L’ORL est au point de départ, il a un rôle de diagnostic et de coordination. Dans le schéma classique, la prise en charge des acouphènes associe principalement 2 piliers : les thérapies sonores, qui relèvent essentiellement de l’audioprothésiste, et le volet très large de la prise en charge des mécanismes centraux, par de la gestion du stress, du counseling, de la sophrologie ou des thérapies cognitivo-comportementales. C’est par la conjugaison de ces approches que l’on arrive à des résultats sur les acouphènes qui sont un phénomène complexe, multifacette.
Qu’aimeriez-vous que les participants retiennent du 12e colloque de l’Afrépa ?
Nous espérons que les professionnels seront contents de se retrouver, qu’ils apprendront des choses, auront des idées de rechercher, de nouvelles façons de pratiquer… Les colloques de l’Afrépa réunissent habituellement 300 personnes environ. L’association présentera aussi cette année l’avancée de l’étude qu’elle conduit, en double-aveugle contre placebo, pour évaluer le bénéfice de l’appareillage pour des patients acouphéniques qui n’ont par ailleurs qu’une perte auditive très faible, afin d’envisager une nouvelle indication de prise en charge des aides auditives par l’Assurance maladie.